Barbara Hendricks s’apprête à enchanter le Cully Jazz Festival

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InterviewBarbara Hendricks s’apprête à enchanter le Cully Jazz Festival

Star internationale, la soprano qui vit en partie en Suisse va proposer son spectacle de blues, «The Road To Freedom», ce dimanche 16 avril à 18h. Toujours chaleureuse, solaire et éprise de liberté, elle a pris le temps de répondre au matin.ch.

Laurent Siebenmann
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Laurent Siebenmann
Barbara Hendricks se produit ce dimanche 16 avril 2023, à 18h, au Cully Jazz Festival.

Barbara Hendricks se produit ce dimanche 16 avril 2023, à 18h, au Cully Jazz Festival.

DR

C’est un événement: ce dimanche 16 avril, à 18h, Barbara Hendricks – qui partage sa vie entre la Suisse, non loin de Morges, et la Suède – se produira sous le chapiteau du Cully Jazz Festival (VD), sur les bords du bleu Léman. La célèbre soprano, star internationale, y présentera son concert de blues intitulé «The Road To Freedom» (le chemin vers la liberté), accompagnée par trois musiciens.

Ce spectacle se veut une célébration de la musique comme vecteur des droits humains, puisque la pensée de Martin Luther King y est omniprésente. Le partage, la transmission, la bienveillance, la liberté et les droits de l’Homme: telles sont quelques valeurs cardinales que Barbara Hendricks, fille de pasteur, née en Arkansas il y a 74 ans, aime à défendre, depuis toujours.

Barbara Hendricks, en ces temps troublés, la musique reste-t-elle pour vous cet élément fortement rassembleur?

Oui, je le pense profondément. La musique est un vecteur qui reste puissant pour rappeler des valeurs profondes, comme le fait que nous faisons tous partie d’une seule et même famille qui se nomme Humanité. A travers mon spectacle «The Road To Freedom», je veux raconter une histoire, celle notamment des droits civiques, à travers Martin Luther King et le blues. Auparavant, la musique rassemblait les gens à l’église, autour de valeurs profondes. J’ai pu le constater lorsque j’étais enfant, auprès de mon père, avec les Negro spirituals, notamment. Aujourd’hui, le chant et la musique continuent à mener cette sorte de mission. C’est une façon de raconter une histoire, de la rappeler. Notre histoire à toutes et tous. C’est un message universel, finalement. Le blues, c’est la vie comme elle est, vraiment.

«Aujourd’hui, le moment est venu de devoir défendre la liberté, à nouveau. Il y a une forme d’urgence», dit Barbara Hendricks.

«Aujourd’hui, le moment est venu de devoir défendre la liberté, à nouveau. Il y a une forme d’urgence», dit Barbara Hendricks.

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L’époque que nous vivons est plutôt sombre…

Il y a des cycles, dans l’Histoire. Aujourd’hui, le moment est venu de devoir défendre la liberté, à nouveau. Il y a une forme d’urgence. L’instabilité politique, la montée des extrêmes, les guerres, le climat… Mais j’ai confiance. Je trouve que les jeunes perçoivent très bien tout cela, se posent les bonnes questions et se battent. C’est vraiment encourageant. Il faut se battre!

Votre voix a toujours eu un effet magique sur le public, l’émotion que vous provoquez est forte. En retour, la percevez-vous, lorsque vous êtes sur scène?

Pas vraiment. Au moment de chanter, je donne tout ce que j’ai en moi. Je suis concentrée pour, précisément, parvenir à transmettre ces sensations aux spectateurs. Si je me laissais gagner par l’émotion, ça ne serait pas possible. Mais je me rends bien compte de cet effet, puisque les gens ont la gentillesse de me le dire. 

Vous voilà donc sous le chapiteau du Cully Jazz Festival, ce dimanche 16 avril. Vous chantez presque à domicile.

Oui! Je viens souvent à Cully pour y manger sur une belle terrasse, au bord du lac. Venir chanter ici, c’est un peu comme chanter chez moi. Je vis en partie en Suisse, c’est important de me produire ici. Et puis, je me sens honorée d’être accueillie par ce festival. Il y a un programme impressionnant et des concerts off extraordinaires. C’est très important que les gens aient accès à la musique, ainsi. Je trouve ça formidable.

Barbara Hendricks et ses musiciens, Ulf Englund, Mathias Algotsson et Max Schultz.

Barbara Hendricks et ses musiciens, Ulf Englund, Mathias Algotsson et Max Schultz.

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Après ces années Covid qui nous ont vus longtemps devoir rester chacun chez soi, les gens ont besoin de se rassembler. Le Cully Jazz Festival en est l’exemple. Avez-vous souffert de cet isolement, durant les deux années de pandémie?

Autant j’aime ma vie professionnelle tourbillonnante, autant j’aime aussi ma vie privée, tranquille chez moi, à la campagne au-dessus de Morges. Je peux rester de longues journées seule, ça ne me dérange pas. Je suis une retraitée, avec l’AVS! (Elle rit) Donc, ça n’a pas été une situation trop difficile à vivre. Nous vivons, ici, dans une région tellement extraordinaire. C’est d’une telle beauté. Quelle chance… En revanche, ça a été plus dur pour les jeunes, évidemment.

Il y a fort à parier que vous allez être très entourée à Cully, dimanche soir!

Oui, il faut aller vers le public. C’est toujours une rencontre extraordinaire. Et surtout ne pas se contenter des plus grandes salles du monde. Je trouve très important de me produire dans des plus petites salles, des festivals, pour aller à la rencontre des gens. Ils sont toujours surpris de me voir, de constater que je me déplace près de chez eux, pour chanter, leur parler, signer des disques (Elle sourit). Mais c’est ma mission: qu’ils ne se sentent pas intimidés par la musique classique, le chant. Il faut que cela soit abordable pour tout le monde, pour que chacun en ressente les bienfaits, les émotions.

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