ZoologieLe bruit des bateaux gâche la vie sexuelle des crabes
Une étude montre que lorsque les nuisances sonores sont trop importantes, les mâles rechignent à s’accoupler avec les femelles.
- par
- Michel Pralong
Les bruits produits par l’homme perturbent de nombreux animaux marins, qu’il s’agisse de leur alimentation, de leur communication ou de leur orientation. Cela a surtout été étudié et constaté chez les grands mammifères peuplant nos eaux. Mais une diplômée en écologie marine de l’Université de Derby, en Angleterre, a décidé de voir si cela affectait aussi les crabes.
Elle a ramassé des crabes verts mâles sur les plages de Cornouailles et les a mis chacun dans un petit aquarium. À côté, elle a placé une femelle leurre, constituée d’une éponge avec des pattes en cure-dent et aspergée de phéromones sexuelles synthétiques. «La vue n’est pas le sens le plus important pour les crabes lors de l’accouplement, mais ils aiment une belle paire de gambettes», explique Kara Rising dans «Hakai Magazine».
Dans des conditions normales, les crabes ont littéralement sauté sur l’occasion et ont tenté de s’accoupler avec l’éponge. Chez ces crabes, le mâle grimpe sur le dos de la femelle au moment où celle-ci mue et donc que sa carapace est molle (d’où le fait d’utiliser une éponge). Puis il l’étreint, restant ainsi pendant quelques jours, protégeant la femelle rendue vulnérable par sa mue, ceci jusqu’elle soit prête à libérer ses œufs.
Lorsque la scientifique a passé des enregistrements de bruits de navire, elle a constaté que depuis un certain niveau, le mâle rechignait à s’accoupler. Monsieur aime visiblement sa tranquillité. Voilà qui devrait inciter l’homme à prendre également en compte sa pollution sonore dans les eaux.
Kara Rising, qui a publié son étude dans «PLOS ONE», veut la prolonger. Elle aimerait notamment savoir si un bruit peut interrompre l’acte sexuel d’un crabe mâle alors qu’il a déjà commencé.