BoxeYoann Kongolo: «Je veux des titres et arriver au sommet»
De retour après 4 ans de suspension de dopage, le boxeur lausannois est à 36 ans toujours aussi ambitieux. Il revient sur ce qu’il a vécu.
- par
- Christian Maillard Carouge
Yoann Kongolo, qui a été, sur un ring, un des plus talentueux de sa génération, est de retour au premier plan. Champion du monde de karaté à 20 ans, cinq ceintures européennes et mondiales en kick-boxing dans son armoire à trophée, le revoilà motivé comme jamais avec des gants de boxe.
Quatre ans après une suspension de dopage et une amende de 5000 euros, le Vaudois de 36 ans a encore faim. «J’ai commis une erreur de débutant», a reconnu ce père de famille, contrôlé positif en 2018 à Saint-Tropez après qu’on eut décelé dans ses urines des traces trop importantes de méthandiénone et d'hydroxystanozolol, autrement dit des stéroïdes anabolisants. «Quand j’ai commandé ces gélules pour perdre du poids, j’ignorais qu’elles contenaient des produits illicites», avoue le boxeur qui a aussi caché sa sanction à la Fédération suisse de boxe, en disputant cinq combats alors qu'il était sur le coup d’une procédure en France. «Je pense que c’est parfois avec des erreurs qu’on apprend», renchérit le repenti, prêt pour un nouveau départ.
On l’a rencontré le jeudi 7 mars à la salle des fêtes de Carouge, dans son vestiaire, juste après avoir couché le Roumain Alexandru Crasnitchili au 3e round d’un combat des mi-lourds prévu en six reprises.
Après quatre ans d’absence, vous n'aviez pas envie de rester plus longtemps sur le ring?
(rires) Cela faisait en effet un bon moment que j’attendais de retourner sur un ring, c’était un plaisir.
Et un retour gagnant en boxe, quatre mois après avoir disputé un ultime combat de kick-boxing à Martigny?
Avec le même effet, le même stress, la même appréhension qu’au mois de novembre. Mais c’était aussi quelque chose de nouveau, avec un autre public, un autre travail, un autre adversaire, un autre sport et une autre sensation.
Ce jeudi soir à Carouge, il y avait beaucoup moins de monde que pour le combat de MMA de Cédric Doumbè à Paris…
Pour la petite anecdote, Cédric je l'ai battu deux fois en 2014 et 2015 en kick-boxing et aujourd’hui il a changé de statut. Pour revenir à ce meeting de Carouge, c’est juste qu’il y avait moins de monde mais il y avait une bonne ambiance dans la salle. Je n’ai pas triché sur l'adversaire. J’ai quand même pris un mec solide où il m’a touché lors des trois rounds. Il faut dire que j’ai pris ce combat de reprise très au sérieux avec mon coach de toujours, qui ne m’a jamais laissé tomber.
Patrick Kinigamazi ne vous a jamais oublié non plus?
Je veux bien affronter à nouveau Cédric Doumbè à Genève, mais cela risque de lui coûter un peu trop cher je pense! Plus sérieusement, Patrick Kinigamazi est quelqu'un d’humainement et sportivement que j’apprécie beaucoup. Il a été un fer de lance pour moi à l’époque et c’est une personne qui fait beaucoup pour la boxe. C’était un plaisir de reprendre les gants devant mon public et pour lui ce jeudi soir. C’est un des premiers qu’il serait là quand je voudrai à nouveau remonter sur un ring. Et il l’a fait.
Vous arrive-t-il de penser encore aujourd'hui à cette nuit du 4 au 5 août à Saint-Tropez?
Comme je l'ai dit, c’est parfois avec ce genre d’erreurs qu’on apprend. Cela aurait pu être une fin de carrière pour moi. Beaucoup de gens se sont d’ailleurs réjouis de ça. Mais dès le premier jour où j’ai reçu cette sanction, j’ai déclaré que le jour où je devrais m’arrêter c’est parce que je l’aurais décidé. Ce ne sont pas les instances dirigeantes qui vont le faire à ma place. Aujourd’hui, je suis de retour, j'ai fait ce que j’avais à faire et je sais que j’ai encore plein d’autres projets à réaliser.
Durant vos quatre ans de suspension, qu’avez-vous fait pendant tout ce temps? C’est long quatre ans quand il n’y a aucun combat, que de l’entraînement…
C’était dur, je vous l’accorde. Car je me suis retrouvé pratiquement seul pendant ces 4 ans. Cela m’a aussi permis de voir le visage des gens, il y a eu beaucoup de déception par rapport à des personnes qui étaient très proches et sur lesquels je comptais. Très peu de gens se sont approchés de moi à ce moment-là. Tenir quatre ans sans faire ce que j'aime a été le combat le pus dur de ma vie. Mais j’ai tenu en comptant mois par mois, semaine par semaine en m'entraînant plus dur que jamais et me revoilà.
À 36 ans, après cette 15e victoire chez les pros, c’est une nouvelle carrière qui commence?
Le No 1 de la catégorie a 39 ans, 16 combats et 16 victoires par K.-O. Il est invincible jusqu’à aujourd’hui et ça montre qu’en boxe on peut durer et faire encore de belles choses. À Carouge, mon adversaire était d’ailleurs bien plus jeune que moi et il était déjà fatigué après la fin du premier round, contrairement à moi qui suis en pleine forme. J'aurais pu boxer encore six rounds de plus. Honnêtement, je me suis fait plaisir et bien amusé.
Et maintenant, c’est le moment de rattraper le temps perdu en allant chercher une nouvelle ceinture?
C’est une évidence.
Quand aura lieu votre prochain combat?
J’ai beaucoup d’offres qui proviennent de l’étranger. À 36 ans, j’ai beaucoup donné à la boxe et aujourd’hui je veux des titres et arriver au sommet. Mais pour gagner beaucoup d’argent, il faut boxer ailleurs qu’en Suisse. Et s’il faut sortir du pays, j’irai chercher une ceinture ailleurs, je suis prêt à y aller. Les gens me connaissent, je n’ai pas froid aux yeux. J’espère que mon fils qui a 11 ans aujourd’hui sera fier un jour de son père.