Série TV«House of the Dragon»: on a vu les premiers épisodes
Le prequel de «Game of Thrones» sera dévoilé dans la nuit de dimanche à lundi. Si le jeu des alliances est passionnant, pour l’action on repassera.
- par
- Laurent Flückiger
Le 19 mai 2019, «Game of Thrones» s’achevait après huit saisons souvent plébiscitées, parfois raillées, toujours décortiquées. Rarement série n’avait été un tel phénomène sur autant de temps. Et évidemment nombreux étaient ceux qui voulaient continuer à exploiter le dragon aux œufs d’or – les patrons de Warner Bros. Discovery, et donc de la chaîne HBO, en tête. Avant même son dernier épisode, quatre séries dérivées étaient évoquées. Voici la première: un prequel basé sur le livre «Feu & Sang» de George R.R. Martin, l’auteur du «Trône de fer», paru en deux parties, respectivement en 2018 et 2019.
Ce spin-off, intitulé «House of the Dragon», débarque dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 août à 3 h du matin en Suisse en simultané avec les États-Unis sur RTS 1 et sur OCS en VO sous-titrée (rediffusion le lundi à 22 h 35 en bicanal). Si les écrits débutent 300 ans avant «Game of Thrones» et raconte l’unification des sept royaumes de Westeros par les Targaryen, la série débute par la seconde partie de «Feu & Sang» à la 9e année de règne du roi Viserys Ier, soit 172 ans avant la mort du Roi Fou et la naissance de la fille de ce dernier, une certaine Daenerys Targaryen, la Mère des Dragons.
La princesse Rhaenyra
Ce choix n’est pas étonnant, car il se concentre sur une période où c’est le nom d’une femme qui occupe le plus de pages, la princesse Rhaenyra, fille aînée de Viserys Ier. Lors des premières minutes de «House of the Dragon», les fans de «Game of Thrones» ne seront donc pas dépaysés à la vue de cette adolescente aux longs cheveux blancs volant sur un dragon, alors que retentit le thème remanié de Ramin Djawadi. Les noms bien connus de Lannister, Stark, Greyjoy ou Arryn résonneront aussi à leurs oreilles. Ces maisons, ainsi que celle de Higtower, seront toutes impliquées, dans une guerre de succession sanglante, connue sous le nom de Danse des Dragons.
Le premier épisode est un concentré de tout ce qui a fait le succès de «Game of Thrones». Face à Rhaenyra (incarnée par Milly Alcock), dont le caractère fait penser à la fois à celui de Daenerys Targaryen et d’Arya Stark, il y a son oncle, le prince Daemon Targaryen (Matt Smith), imprévisible, qui apporte la touche de gore et de sexe, dans un tournoi de chevaliers et dans sa visite d’un bordel. Si, dans la série issue de l’univers de George R.R. Martin, il avait tout de suite fallu s’accrocher pour retenir les noms des nombreux personnages alors que plusieurs trames se déroulaient en parallèle dans tout le royaume, dans «House of the dragon» c’est le même casse-tête. Pourtant tout se déroule (presque) dans un seul lieu et au sein de la même famille.
L’inceste, presque banal
Dans ce prequel, en effet, l’action passe au second. Il s’agit surtout d’une guerre d’alliances. Qui pour hériter du trône? Qui pour épouser qui? On est prêt à faire marier n’importe quelle personne qui permettra de conserver ou d’agrandir son pouvoir. Entre cousins comme entre frère et sœur. La relation incestueuse entre Jamie Lannister et sa sœur jumelle, Cersei, de «Game of Thrones», qui avait choqué à l’époque, passerait presque pour quelque chose de normal.
Alors, ça parle, ça complote, ça se soumet, ça se rebelle. Le livre «Feu & Sang» est une description presque sans fin de l’arbre généalogique des Targaryen et avancer dans les pages est un calvaire En réussissant à l’adapter, Ryan J. Condal (qui a cocréé la série «Colony») a donc un grand mérite. Mais pour les scènes de bataille, on repassera. Pour le sel, il manque la menace venue au-delà du Mur. Il n’y a pas non plus de magie. Rien n’est dit sur les cultes parallèles d’où surgissent des pouvoirs surnaturels. Certes il y a des dragons – il devrait y en avoir jusqu’à 17 dans la série – mais ils n’ont pas une (encore) immense importance, au contraire de ce que suggère le titre de ce prequel. En tout cas dans les six épisodes que nous avons pu visionner.
Au fond, «House of the dragon» est un peu la version intello de «Game of Thrones». Et pas sûr qu’elle parvienne à avoir le même impact.