Royaume-UniÀ la veille du jubilé, le secteur aérien britannique nage en pleine gabegie
La reprise du trafic aérien associée à un manque de personnel a conduit ces derniers jours à de nombreux retards et annulations de vols au Royaume-Uni. La grogne gronde sur les réseaux sociaux.
Annulations de vols, chaos dans les aéroports: les critiques pleuvaient au Royaume-Uni, dénonçant le manque de préparation du secteur aérien avant le jubilé de la reine Elizabeth II et une saison estivale qui s’annonce chargée. «Les aéroports du Royaume-Uni sont en crise parce que des milliers d’emplois ont été supprimés (pendant la pandémie) et les conditions de travail» se sont dégradées, a dénoncé mercredi Sharon Graham, secrétaire générale du syndicat Unite. Et le problème devrait se prolonger «une bonne partie de la saison estivale», au Royaume-Uni comme sur le reste du continent européen, prévient un mémo de l’organisation des compagnies européennes Airlines for Europe.
Le secteur aérien a été l’un des plus durement touchés par la pandémie de Covid-19, qui a cloué au sol une grande partie du trafic au fil des confinements et des restrictions au voyage, conduisant compagnies et aéroports à licencier des milliers d’employés. Résultat: les compagnies étaient «mal préparées» à la reprise de la demande, a accusé le vice-Premier ministre, Dominic Raab sur Sky News mercredi. «Je ne pense pas que les opérateurs aériens ont fait le travail de recrutement qu’ils auraient dû faire», a-t-il insisté, rappelant que le secteur avait bénéficié de «huit milliards de livres d’aides au cours de la pandémie» et que le gouvernement avait assoupli les règles «pour faciliter les recrutements».
Voyageurs à bout de nerfs
«Les compagnies aériennes ont été clouées au sol pendant presque deux ans» et «le secteur n’a eu que quelques semaines pour se rétablir et se préparer à l’un des étés les plus chargés que nous ayons connus depuis de nombreuses années», s’est défendu l’organisation sectorielle Airlines UK. Malgré ça, «la grande majorité des dizaines de milliers de vols prévus (…) voleront», insiste-t-elle dans un communiqué.
L’aéroport de Manchester était particulièrement dans la ligne de mire, alors que les témoignages se multiplient depuis des semaines sur des voyageurs exaspérés après avoir patienté des heures pour passer la sécurité ou récupérer leurs bagages, et raté pour certains leur vol, quand ceux-ci n’étaient pas annulés. «Carnage ce matin encore à l’aéroport de Manchester», témoignait ainsi un passager sur Twitter mercredi vers 4 heures du matin, avec une photo montrant une file d’attente s’étirant jusqu’à l’extérieur du terminal.
Des centaines d’annulations
Les critiques visent aussi «des annulations massives de vols au Royaume-Uni», qui sont elles aussi la conséquence d’une «grave pénurie de main-d’œuvre» après les licenciements massifs pendant la pandémie, selon Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown. À Manchester mais aussi dans d’autres aéroports du pays, dont Heathrow ou Gatwick à Londres, les annulations se comptent cette semaine par centaines, du voyagiste Tui ou de compagnies telles que British Airways ou Easyjet. La compagnie à la livrée orange a en outre été victime de problèmes informatiques la semaine dernière qui l’ont amenée à annuler quelque 200 vols supplémentaires.
«C’est une période assez difficile pour l’ensemble du secteur» a réagi British Airways, qui assure notamment se concentrer sur «la plus grande campagne de recrutement de (son) histoire» et dit avoir «réduit le planning de vol pour donner plus de certitudes» aux clients, selon une déclaration.