FootballQue ferait-on si l’on était à la place de Christian Constantin?
Au moment où le FC Sion n’est plus maître de son destin, on s’est glissé dans le rôle du boss de Tourbillon. Valeurs du club bafouées, changement volant de coach, avenir incertain, etc.: les sujets ne manquent pas.
- par
- Nicolas Jacquier
Samedi passé, au spectacle de ce FC Sion encore plus ridiculisé qu’humilié par un fantastique Servette (0-5), on se souvient s’être dit que l’on n’aimerait pas être à la place de Christian Constantin. Si l’on peut certes en penser ce que l’on veut, estimer que le boss de Tourbillon est à l’origine du mal sinon du problème, personne ne peut en revanche lui enlever la passion qui le caractérise toujours. Une passion, soit dit en passant, que l’on aimerait bien retrouver chez ses employés dans leur exercice du métier de footballeur…
Alors que «CC» devait certainement continuer à bouillonner le reste de son week-end, on s’est pourtant surpris à imaginer se glisser dans sa tête. Que préparait-il? Quel ressort allait-il bien pouvoir actionner pour relancer une équipe aperçue pareillement à la dérive depuis deux rencontres (Winterthour et Servette) alors même que se joue le destin d’un club et des dizaines d’emplois qui lui sont rattachés? Et nous, en tant que modeste suiveur du club valaisan, qu’aurait-on fait à sa place?
Un congé incompréhensible
Sous le coup de colère, on aurait commencé par actionner nos avocats pour (au moins essayer…) casser le contrat de Mario Balotelli pour justes motifs - cet enchaînement de fautes professionnelles graves. Se retrouver au printemps avec une surcharge pondérale manifeste en est une parmi d’autres. L’Italien, dont le brassard de capitaine résonne comme une insulte aux valeurs historiques du FC Sion, ne faisant que «polluer» le groupe, autant chercher à s’en débarrasser. On rappellera ici que Sion occupait encore le 4e rang en août passé, peu avant son arrivée. Mais Balotelli, après s’être vu accorder de manière incompréhensible quelques jours de congé (pour services non rendus?), est à nouveau là depuis 48 heures… Et l’on se dit qu’à force de se faire dézinguer, l’attaquant va bien finir par justifier son salaire indécent. En sauvant le club valaisan sur un geste venu d’ailleurs par exemple. C’est probablement ce à quoi doit se raccrocher aujourd’hui encore son président…
Devoirs surveillés
Dans la foulée, on aurait choisi de supprimer l’entraînement jusqu’à nouvel avis, au moins durant toute la semaine écoulée. Tant s’entraîner ne sert manifestement à rien à considérer ce qui est reproduit en match le week-end venu. À quoi bon continuer à faire semblant de bosser durement si c’est pour lever le pied aussi facilement dès qu’une opposition se présente? À la place, on aurait imposé des devoirs surveillés, comme celui de regarder les demi-finales européennes retour, jusqu’à parfois minuit si l’on songe à l’heure tardive à laquelle celle du FC Bâle s’est terminée jeudi soir. Et puis changement d’option, on s’est dit que quelques séances de rattrapage supplémentaire ne pourraient pas leur faire de mal avant de recevoir le nouveau champion dimanche (coup d’envoi 14h15)…
Sur un malentendu, ça peut (re)marcher
Devant le peu d’orgueil affiché par les joueurs du FC Sion ce printemps, on en est arrivé à la conclusion que le problème ne se posait pas en termes d’hommes mais de valeurs dans lesquelles chacun peut puiser, ou non, sa motivation personnelle. Dans le derby du Rhône, les Valaisans n’ont pas lâché David Bettoni; ils ont lâché le club, ou plutôt l’institution pour ce que celle-ci représente encore à leurs yeux. C’est sans doute le plus grave parce que cela suggère l’idée d’une fracture. Dès lors, qui fallait-il choisir pour continuer d’y croire malgré tout - que faire d’autre? Dans un premier temps, on a pensé que Christian Constantin allait se tourner vers Vladimir Petkovic, déjà assis sur le banc valaisan lors d’une précédente opération maintien, ce que son ancien employeur a peut-être fait sans succès. Avant de se rappeler qu’il possédait toujours sous contrat Paolo Tramezzani. Rappeler après un 0-5 l’homme qu’il avait viré après une autre déculottée (2-7 contre Saint-Gall), voilà qui n’a pas manqué de faire jaser. Mais qui sait, après tout. Sur un malentendu, ça peut (re)marcher.
Un débat avec les fans
Alors que l’échéance du 30 juin 2024 se rapproche furieusement, coïncidant, rappelons-le, avec le désengagement financier de Christian Constantin, le comportement des ultras sédunois doit conforter le boss de Tourbillon dans sa décision d’en rester là. Encore que… Si son désir était vraiment d’en finir avec le professionnalisme en Valais, pourquoi gaspillerait-il une telle énergie pour sauver la place de son club dans l’élite? Les débordements qui se sont produits en marge du derby contre Servette ont conduit les autorités politiques à fermer le Gradin Nord en début de semaine. Ses turbulents occupants seront provisoirement relogés par le club dans la tribune Est, en espérant que tout se passe mieux. À la place de «CC», le moment venu et peu importe dans quelle catégorie de jeu évoluera Sion la saison prochaine, on inviterait tous les supporters pour une rencontre informelle – et un grand déballage – sur la pelouse même de Tourbillon. Avec une question centrale en toile de fond: à quoi le FC Sion devrait-il ressembler dans les années à venir? Vaste débat.
En attendant, le club de Tourbillon a plus besoin de points que de théories.