SomalieLes forces de sécurité mettent fin au siège d’un hôtel par des islamistes
Des islamistes radicaux shebab étaient retranchés dans un hôtel de Mogadiscio depuis vendredi. Le dernier bilan avait fait état de la mort de 13 civils.
Les forces de sécurité somaliennes ont mis fin samedi soir au siège d’un hôtel de Mogadiscio par des djihadistes shebab, qui a duré une trentaine d’heures et fait plus d’une dizaine de victimes civiles, a déclaré à l’AFP un haut responsable sécuritaire.
«Les forces de sécurité ont maintenant mis fin au siège et les hommes armés sont morts, nous n’avons pas eu de tirs depuis le bâtiment au cours de l’heure écoulée», a annoncé vers minuit ce responsable sous couvert d’anonymat, sans préciser le nombre de victimes parmi les civils et parmi les assaillants.
Mais selon d’autres responsables somaliens, au moins 13 civils ont été tués au début de l’attaque par ces combattants affiliés à Al-Qaïda. L’établissement a été détruit par un bombardement des forces de sécurité visant à éliminer les assaillants qui s’y étaient retranchés et doit désormais être débarrassé de tous les explosifs qui auraient pu y être placés.
Cachés dans les toilettes
De très nombreuses personnes ont été prises au piège lorsque l’assaut a commencé et bien que des responsables officiels aient assuré que des dizaines d’entre elles avaient été secourues, y compris des enfants, on ne sait pas combien étaient restées à l’intérieur. Selon une témoin, Hayat Ali, trois enfants d’une même famille, âgés de quatre à sept ans, ont été retrouvés par les forces de sécurité, en état de choc, cachés dans les toilettes de l’hôtel.
«J’ai réussi à courir vers une porte de sortie proche, loin des hommes armés», a confié Hussein Ali, allé avec ses collègues dans l’établissement. «Les hommes armés ont commencé à tirer, j’ai pu entendre les coups de feu derrière moi, mais grâce à Dieu (…), nous avons réussi à nous échapper.» Mais «ceux qui ont préféré se cacher à l’intérieur du bâtiment, dont l’un de mes collègues, sont morts», a-t-il ajouté.
Condamnations internationales
Il s’agit de la plus importante attaque à Mogadiscio depuis que le nouveau président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, a pris ses fonctions en juin, après des mois d’instabilité politique. Les shebab, qui sont depuis 15 ans engagés dans une insurrection contre le gouvernement fédéral somalien, ont revendiqué la responsabilité de cette opération.
«Un groupe d’assaillants shebab est entré de force dans l’hôtel Hayat à Mogadiscio, les combattants procèdent à des tirs au hasard à l’intérieur de l’hôtel», avait confirmé le groupe au début de l’attaque dans un bref communiqué sur un site internet qui lui est favorable. Le porte-parole des shebab, Abdiaziz Abu-Musab, a déclaré samedi sur leur station, Radio Andalus, que le groupe avait «infligé de lourdes pertes» aux forces de sécurité.
Les alliés de la Somalie, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la Turquie, ainsi que l’ONU, ont de leur côté fermement condamné cette attaque. La Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (Atmis), chargée d’aider les forces somaliennes à assurer la sécurité du pays d’ici la fin de 2024, a exprimé sa «solidarité» avec le gouvernement somalien.
«Nous exprimons nos sincères condoléances aux familles qui ont perdu des proches, souhaitons un rétablissement complet aux blessés et félicitons les forces de sécurité somaliennes», a déclaré le département d’État américain.
Une «pluie d’obus»
Un responsable de la sécurité, Mohamed Abdikadir, a dit à l’AFP, samedi en milieu de journée, que le nombre des civils dont la mort a été confirmée était de 13, tandis qu’un officier de la police, Ibrahim Duale, a parlé de plus de 10 personnes tuées.
Une pluie d’obus s’est par ailleurs abattue samedi dans un autre quartier de la capitale, Hamar Jajab, situé en bord de mer, faisant 20 blessés dont des enfants, a déclaré à l’AFP le commissaire Mucawiye Muddey. «Parmi les personnes grièvement blessées figurent une jeune mariée et son époux, ainsi qu’une famille» entière, les deux parents et leurs trois enfants, a-t-il précisé.
Ces tirs n’ont pas été revendiqués dans l’immédiat. Selon le directeur du principal hôpital de Mogadiscio, le Dr Mohamed Abdirahman Jama, au moins 40 personnes étaient soignées après avoir été blessées dans les deux attaques du week-end.