AfriqueLes combats au Soudan entament leur 3e semaine
Le pays est plongé dans le chaos depuis le déclenchement le 15 avril d’une lutte de pouvoir sanglante entre l’armée et les paramilitaires qui a déjà fait plus de 500 morts et 4200 blessés.
Raids aériens et tirs nourris à Khartoum, des milliers de personnes évacuées du Soudan: les combats acharnés et meurtriers entre l’armée et les paramilitaires sont entrés samedi dans leur troisième semaine, en violation d’une nouvelle trêve.
Le pays est plongé dans le chaos depuis le déclenchement le 15 avril d’une lutte de pouvoir sanglante entre le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», à la tête des redoutées Forces de soutien rapide (FSR).
Les combats ont fait au moins 512 morts et 4193 blessés, selon des statistiques officielles. Des dizaines de milliers de Soudanais ont fui vers les États voisins incluant l’Égypte, l’Éthiopie, le Tchad et le Soudan du Sud, tandis que des pays étrangers procèdent à des évacuations massives de leurs ressortissants.
C’est celui qui dit qui est
Chaque camp accuse l’autre de violer la trêve prolongée de trois jours sous médiation internationale. Elle expire dimanche à minuit. Les civils tentent de fuir ou de survivre barricadés, sur fond de pénuries généralisées, notamment d’électricité, d’eau et de nourriture. Environ 70% des hôpitaux dans les zones proches des combats sont hors service et beaucoup ont été bombardés, selon le syndicat des médecins.
Vendredi, les deux généraux en guerre se sont écharpés par médias interposés. Sur la chaîne de télévision américaine arabophone Al-Hurra, le général al-Burhane a qualifié les FSR de «milice cherchant à détruire le Soudan» et affirmé que des «mercenaires» arrivaient du Tchad, de Centrafrique et du Niger. Le général Daglo a, lui, parlé sur la BBC de son rival comme d’un «traître» qui n’est «pas digne de confiance».
Frères ennemis
Les deux généraux avaient fait front commun pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019, lors du putsch de 2021. Mais des divergences sont ensuite apparues et le conflit entre les deux s’est intensifié quand ils ne sont pas parvenus à s’entendre sur l’intégration des FSR dans l’armée régulière, avant de se transformer en lutte armée le 15 avril.
Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, quelque 75’000 personnes ont été déplacées en raison des combats, particulièrement violents dans la région instable du Darfour. Et les évacuations se poursuivent. Samedi, un bateau transportant environ 1900 évacués de différentes nationalités est arrivé à Jeddah, dans l’ouest de l’Arabie saoudite. Quelque 4879 ressortissants saoudiens et de 96 autres pays ont été évacués via l’Arabie saoudite, selon les autorités du riche État du Golfe.
Pillages, destructions, incendies
Le Programme alimentaire mondial de l’ONU estime que des millions de personnes supplémentaires pourraient être confrontées à la faim dans ce pays où un tiers des 45 millions d’habitants avaient déjà besoin d’aide alimentaire avant cette guerre.
Pillages, destructions et incendies se multiplient au Darfour-Ouest, y compris dans des camps de déplacés, rapporte Médecins sans frontières. La région du Darfour reste marquée par un conflit sanglant déclenché en 2003 entre le régime du dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, et des insurgés issus de minorités ethniques. Ce conflit a fait environ 300’000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.