États-UnisOuverture d’une enquête sur l’assistant à la conduite de Tesla
Après une série de 11 accidents, les autorités américaines ont annoncé lundi vouloir analyser les systèmes d’Autopilot sur les modèles Y, X, S et 3 mis sur le marché entre 2014 et 2021.
Quelle responsabilité a l’assistant à la conduite «Autopilot» du constructeur de voitures électriques Tesla dans onze accidents de la circulation aux Etats-Unis ces trois dernières années ? L’agence américaine de la sécurité routière va s’y pencher au travers d’une enquête, annoncée lundi.
«Dans le cadre de la mission de sécurité de l’agence et afin de mieux comprendre les causes de certains accidents liés à Tesla, la NHTSA ouvre une enquête préliminaire sur les systèmes d’assistants à la conduite (Autopilot) et les techniques mises en place pour surveiller, assister et faire respecter l’engagement du conducteur dans la conduite pendant son utilisation», a indiqué un porte-parole de la NHTSA dans une déclaration transmise à l’AFP.
Sollicité par l’AFP, le groupe n’avait pas réagi dans l’immédiat à l’ouverture de cette enquête. L’enquête va porter sur les Model Y, X, S et 3 de la marque américaine, mis sur le marché entre 2014 et 2021, représentant aujourd’hui environ 765’000 véhicules Tesla.
Onze accidents examinés
Onze accidents de la route sont scrutés dans cette enquête, ayant entraîné la mort d’une personne et fait 17 blessés. Ces onze accidents se sont produits entre janvier 2018 et aujourd’hui, notamment en Californie, en Floride, dans le Michigan, et au Texas, détaille l’agence dans un document. Le dernier a eu lieu le 10 juillet à San Diego.
«La NHTSA a confirmé que lors de chacune de ces affaires, le véhicule Tesla avait ou bien l’Autopilot, ou bien le système de régulateur de vitesse (Traffic Aware Cruise Control) activé juste avant les accidents», poursuit-elle.
Le Center for Auto Safety, un groupe de défense des consommateurs, s’est réjoui lundi de l’annonce de cette enquête, espérant que quelque chose sera «fait pour éviter de futurs blessés ou morts». «Nous demandons depuis des années à la NHTSA d’enquêter sur l’Autopilot et aux autorités de la concurrence d’interdire à Tesla d’utiliser le terme trompeur d’Autopilot», a souligné son dirigeant Jason Levine dans une déclaration transmise à l’AFP.
Nombreuses polémiques après une suite d’accidents
En Bourse, le titre Tesla plongeait de 4,65% à 684,89 dollars à Wall Street, ce lundi vers 16h45. L’assistant à la conduite, dit «Autopilot», de Tesla fait l’objet de nombreuses polémiques depuis cette série d’accidents.
Le nom de cette technologie fait débat alors qu’aucune voiture d’aucun constructeur n’est aujourd’hui techniquement en mesure de proposer aux automobilistes un véhicule à la conduite entièrement autonome. «Toutes les voitures disponibles aujourd’hui requièrent un contrôle humain tout le temps», explique la NHTSA.
Le constructeur automobile américain dirigé par le fantasque Elon Musk ne dit pas l’inverse, rappelant sur son site internet que la technologie Autopilot exige «une surveillance active de la part du conducteur et ne rend pas le véhicule autonome».
De plus, le constructeur a imposé des garde-fous à ses technologies pour empêcher les abus sur la technologie Autopilot, qui peut adapter la vitesse au trafic autoroutier, et Full Self Driving, qui permet notamment de garer la voiture ou changer de voie sur la route.
La Tesla alerte par exemple l’automobiliste et s’arrête si la ceinture n’est plus bouclée ou si les mains du conducteur ne sont pas assez sur le volant. Or l’association de protection des consommateurs Consumer Report a montré en avril qu’il était possible de faire rouler une Tesla seule, sans personne derrière le volant, grâce à de simples subterfuges.
Loin de l’autonomie complète
De plus, Tesla, qui a affiché un bénéfice net de 1,14 milliard de dollars au deuxième trimestre 2021 grâce à la livraison d’un nombre record de véhicules supérieur à 200,000 unités, est souvent prise dans un double langage.
Lors d’une conférence en début d’année, Elon Musk affirmait que l’autonomie complète deviendrait «évidente (...) dans l’année». En 2015, le milliardaire américain disait qu’un véhicule entièrement autonome serait disponible dans les deux ans.
Malgré les milliards de dollars de recherche et développement au fil des années, Tesla évolue dans la catégorie 2 sur l’échelle d’autonomie fixée par l’organisation professionnelle Society of Automotive Engineers, loin de la cinquième marche, synonyme d’autonomie complète.