Brésil - Le jugement crucial sur les terres des indigènes attendra

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BrésilLe jugement crucial sur les terres des indigènes attendra

Au Brésil, un des onze juges de la Cour suprême a demandé le temps de la réflexion pour statuer sur les terres des indigènes. Des orpailleurs pourraient en profiter.

Le 10 septembre dernier, des indigènes avaient manifesté en nombre dans la capitale, Brasilia, pour défendre leurs terres.

Le 10 septembre dernier, des indigènes avaient manifesté en nombre dans la capitale, Brasilia, pour défendre leurs terres.

AFP

La Cour suprême du Brésil a reporté sine die un jugement-clé sur la démarcation de terres indigènes, un des juges ayant demandé plus de temps pour analyser le dossier. Dans ce jugement, les onze magistrats de la haute cour doivent statuer sur la validité du «cadre temporel», accordant des droits aux indigènes seulement sur les terres qu’ils occupaient l’année de la promulgation de la Constitution, en 1988.

Mercredi, il y avait un vote pour et un vote contre quand le juge Alexandre de Moraes a demandé le report, considérant que certains aspects devaient être analysés plus en profondeur. Le jugement devra être repris à une date ultérieure, sans aucun délai fixé, ce qui pourrait repousser la décision finale de la Cour suprême de plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

«L’absence de ce cadre temporel risquerait de donner la possibilité d’augmenter indéfiniment l’étendue des terres indigènes.»

Kassio Nunes Marques, juge nommé récemment à la Cour suprême par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro

Un pour, un contre

La semaine dernière, le premier juge à se prononcer, le rapporteur Edson Fachin, avait voté contre le «cadre temporel», estimant qu’il empêcherait les indigènes «d’exercer pleinement leur droit» à occuper leurs terres ancestrales. Mercredi, le juge Kassio Nunes Marques, nommé récemment à la Cour suprême par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, a au contraire voté pour. Selon lui, l’absence de ce «cadre temporel» risquerait de donner «la possibilité d’augmenter indéfiniment l’étendue» des terres indigènes.

Une thèse défendue par le puissant lobby de l’agronégoce mais contraire à la Constitution, pour les communautés indigènes. Selon eux, de nombreuses terres ancestrales n’étaient pas occupées par les autochtones en 1988, parce qu’ils en avaient été évincés au fil des siècles, notamment durant la dictature militaire (1964-1985).

Catastrophique pour l’environnement

«Beaucoup de communautés indigènes attendent la démarcation de leurs territoires, ce report du jugement donne plus de temps aux envahisseurs pour exploiter illégalement ces terres», a déploré Eloy Terena, juriste de l’Association des peuples indigènes du Brésil (Apib). De nombreuses terres indigènes subissent des intrusions d’orpailleurs et de trafiquants de bois, avec des conséquences environnementales catastrophiques, comme la pollution des fleuves et la déforestation.

Peu après son élection, Jair Bolsonaro avait annoncé qu’il ne céderait «pas un centimètre de plus» aux indigènes, dont les territoires couvrent 13% du pays. Si la Cour suprême du Brésil devait valider la notion de «cadre temporel», les peuples autochtones pourraient donc se voir expulsés de leurs terres, s’ils ne parviennent pas à prouver qu’ils les occupaient en 1988.

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