Tour de France 2023: La mort de Gino Mäder hante les coureurs

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Tour de France 2023La mort de Gino Mäder hante les coureurs

À quelques heures du départ du Tour de France, samedi, les coureurs évoquent leurs craintes en descente après le décès du Suisse dans le col de l’Albula.

Le Tour de France commence samedi et des coureurs (ici le vainqueur de l’an dernier, Jonas Vingegaard, et son équipe) sont inquiets.

Le Tour de France commence samedi et des coureurs (ici le vainqueur de l’an dernier, Jonas Vingegaard, et son équipe) sont inquiets.

REUTERS

Comment faire comme avant? La mort de Gino Mäder, tombé dans la descente du col de l’Albula dans le Tour de Suisse il y a deux semaines, hante le peloton, moins prompt à prendre des risques, jugent plusieurs coureurs prenant le départ du Tour de France samedi à Bilbao.

Des leviers de freins plus sollicités, des trajectoires moins tendues… Le souvenir du grimpeur suisse qui s’est éteint à 26 ans trotte dans la tête des cyclistes de la Grande Boucle, a reconnu le Britannique Tom Pidcock.

«Ç’a été dur à encaisser pour tout le monde, je n’ai pas vu un seul coureur prendre des risques dans une descente depuis», décrit celui qui s’était livré à un numéro d’équilibriste dans la descente du Galibier pour s’imposer au sommet de l’Alpe-d’Huez l’an passé.

Ils ont peur

«Depuis l’accident, j’y pense presque à chaque descente à l’entraînement, livrait lui-même Thibaut Pinot la semaine passée. Pourtant je n’étais même pas sur le Tour de Suisse. Pour ceux qui y étaient, ça doit être encore plus difficile.»

C’est le cas du champion des États-Unis Quinn Simmons. «On connaît tous les risques de ce sport, mais quand on les voit d’aussi près, on se met à se demander un peu ce qu’on fait de notre vie», a lâché le jeune baroudeur (22 ans) de Lidl-Trek. «Je mentirais si je disais que je n’avais pas un peu peur de retourner en montagne.»

Le drame Mäder est venu rappeler le danger d’un sport où seul un voile de tissu couvre la chair des coureurs, où les casques doivent protéger mais aussi ventiler, tout en restant légers – il faut bien pouvoir se hisser avec au sommet des cols.

«On descend les montagnes à 100 km/h, habillés en lycra, et on n’est pas entouré par de la mousse, souligne Tom Pidcock. Je ne prends jamais de risques inconsidérés.»

Améliorer le signalement

Toute cette fragilité s’est durement imposée aux coureurs «conscients de l’inconscient seulement lorsque la brutalité (les) rattrape et (les) ruine à jamais», pour reprendre les mots justes de Romain Bardet sur les réseaux sociaux.

«Tout le monde a progressé, les vélos vont plus vite et les freins sont plus efficaces, je trouve qu’il est plus difficile de faire des écarts dans une descente qu’il y a six ou sept ans», juge le leader de DSM, qui avait écrit une grande page de sa carrière dans la descente sous la pluie de Domancy en 2016 – victoire d’étape et deuxième place du classement général du Tour.

Il y a bien eu le triomphe l’an passé dans Milan-Sanremo du Slovène Matej Mohoric, membre de l’équipe Bahreïn – celle de Gino Mäder. Il avait d’ailleurs manqué pour une poignée de centimètres de heurter un muret avec son pédalier dans une courbe.

«La descente fait partie intégrante de notre sport, estime Warren Barguil. En MotoGP, ils ont ces risques-là, en Formule 1 aussi. (…) Ce qu’il faut améliorer, et ça dépend des courses, c’est le signalement éventuellement.»

Des mesures prises sur le Tour

«Il y a maintenant des panneaux qui nous indiquent un virage dangereux avec un signal sonore», observe le grimpeur de 31 ans mesurant l’«évolution depuis (ses) débuts en pro».

Thibaut Pinot a lui proposé l’installation de filets de sécurité, comme en ski, dans une interview à l’AFP la semaine passée. L’UCI a dit annoncer vendredi un «développement majeur en faveur de la sécurité dans le cyclisme sur route professionnel» à l’occasion d’une conférence de presse.

«ASO (organisateur du Tour) prendra des mesures supplémentaires pour les descentes», a commencé à révéler jeudi Adam Hansen, le président du CPA (syndicat des coureurs) au quotidien belge Het Nieuwsblad.

«Les coureurs s’inquiétaient surtout du mauvais revêtement dans les descentes du col de Joux Plane (14e étape) et du col de la Loze (17e étape), a-t-il expliqué. ASO nous a montré avec des photos qu’un nouvel enrobé a été posé.»

Nouveauté révélée par Adam Hansen: des parapets matelassés doivent aussi être installés dans certains virages pour empêcher les coureurs de basculer dans le vide. Une part de l’héritage de Gino Mäder.

(AFP)

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