SuisseUn enfant sur onze a déjà fait une tentative de suicide
Notre pays néglige les problèmes de plus en plus urgents, notamment psychiques, des jeunes et manque d’informations sur ces difficultés et de lieux d’accueil, déplore Bettina Junker, directrice d'Unicef Suisse, interviewée par le «SonntagsBlick».
Dans une interview au « SonntagsBlick » du jour, Bettina Junker, directrice d’Unicef Suisse et du Lichtenstein déplore que la Convention internationale des droits de l’enfant ne soit pas entièrement appliquée dans notre pays. Ce qui la préoccupe particulièrement, ce sont les atteintes à la santé mentale des jeunes: un sur trois a déclaré dans une étude de l'Unicef que sa santé mentale n'était pas bonne. Et un enfant sur onze, soit deux par classe, a déjà fait une tentative de suicide, ce qui a particulièrement bouleversé la directrice.
Atteintes psychiques toujours un tabou
L’étude a aussi révélé le tabou persistant autour des problèmes psychiques, dont la grande majorité des jeunes ne parle à personne, alors qu’une aide professionnelle est essentielle. Car, note Bettina Junker, il est décisif pour les jeunes de savoir si dans leur entourage ils peuvent parler facilement à quelqu’un de leur état psychique et à qui ils peuvent se confier sans être jugés. Or, déplore la spécialiste, notre pays ne compte guère de centres d'accueil à bas seuil, simples d’accès, auxquels les jeunes s'adressent volontiers. Et seuls 3% d’entre eux utilisent les offres publiques existantes.
Jeunes placés en détention à défaut de thérapeute
Quant aux jeunes qui cherchent une place en thérapie, ils doivent souvent attendre six mois – «intolérable dans un pays riche comme la Suisse», lance Bettina Junker. Elle révèle encore que parfois même, faute de place, les mineurs souffrant de troubles psychiques sont placés dans des établissements pénitentiaires – «une violation flagrante des droits de l'enfant». Face à ces constats, elle préconise que la Suisse crée de toute urgence des offres de prise en charge plus nombreuses et de meilleure qualité pour le nombre croissant d'enfants et d'adolescents souffrant de problèmes psychiques.
Exclusion sociale en cas de pauvreté
Interrogée sur la pression financière sur les parents, Bettina Junker note que le nombre d'enfants dont la famille est menacée de pauvreté augmente de manière drastique en Suisse. Outre les conséquences pratiques, elle relève qu’en Suisse, «la pauvreté n'est pas synonyme de lutte pour la survie, mais d'exclusion sociale» pour les jeunes: impossibilité de s'inscrire dans un club sportif, honte d'inviter des amis à la maison, etc. Les problèmes financiers peuvent également avoir des répercussions négatives sur leur santé psychique. Même les enfants plus jeunes remarquent que leurs parents ont des soucis financiers, et cela les déprime, note la spécialiste.