Sommet de l’OtanBiden a surmonté les obstacles diplomatiques à Vilnius
C’est un véritable exercice d’équilibriste qu’a relevé avec brio le président américain au G7. Entre les exigences turques et les vexations ukrainiennes, Joe Biden a su satisfaire tout le monde.
À Vilnius, le président américain Joe Biden savait qu’il aurait fort à faire pour convaincre son homologue turc Recep Tayyip Erdogan de ne pas gâcher le sommet de l’Otan. En jeu notamment, l’adhésion de la Suède à l’organisation, que le président turc bloquait depuis plus d’une année. À deux jours du sommet, c’est la surprise: Erdogan sort une nouvelle exigence peu réaliste en échange de son feu vert à l’adhésion suédoise et demande la relance des pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
Adoucir les ardeurs d’Erdogan
Ni une, ni deux, Joe Biden prend son téléphone dans l’avion présidentiel Air Force One et appelle son homologue turc. Une conversation d’une heure sur laquelle débouche le soutien turc à l’adhésion suédoise. Le contenu de l’appel du président Biden à son homologue turc restera confidentiel, mis à part l’annonce d’un tête-à-tête à Vilnius. Le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden, Jake Sullivan, a ainsi refusé de confirmer si la vente d’avions de combat F-16 à la Turquie avait servi de monnaie d’échange ou si Joe Biden lui avait forcé la main. «Son but dans cette conversation était réellement de voir comment les États-Unis et la Turquie pouvaient avancer positivement, pas de peindre un scénario noir ou négatif», a affirmé Jake Sullivan. Et l’expansion de l’Otan et le sens retrouvé à son rôle sont «en grande mesure à mettre au crédit du leadership personnel du président Biden», a-t-il souligné.
Le président Zelensky, le véritable défi
L’obstacle turc une fois aplani, le président américain s’est retrouvé avec un second défi sur les bras: la colère de son homologue ukrainien Zelensky. Depuis un an et demi, les pays de l’Otan, emmenés par les États-Unis, ont acheminé de vastes quantités d’armes et d’aide économique à l’Ukraine, pour stopper la conquête du président russe Vladimir Poutine dans cette ancienne république soviétique. Mais l’Ukraine demande davantage: elle exige une adhésion à l’Otan et avec elle, la garantie de sécurité ultime qu’apportent un système de défense collective et l’arme nucléaire.
Aussi, quand il apparaît clairement que l’Otan s’en tient à la position américaine de laisser l’Ukraine à la porte de l’Otan dans un avenir proche, avec comme argument que cela risquerait de déclencher une Troisième guerre mondiale, le président ukrainien explose. Avant même d’atterrir à Vilnius, Volodymyr Zelensky s’en prend d’un tweet rageur au refus «absurde» des Américains et de l’Otan de laisser adhérer son pays dans un avenir proche.
Vingt-quatre heures plus tard pourtant, c’est un président Zelensky se confondant en remerciements qui quittera le sommet, permettant à la réunion de l’Alliance atlantique de se conclure sur une note de relative harmonie. Les efforts diplomatiques de la Maison-Blanche cette fois sautent aux yeux, mélange de promesses, cajoleries et d’accolades. Selon des responsables américains, c’est Joe Biden qui a été à l’initiative de la promesse des pays du G7 d’apporter un soutien militaire sur le long terme à l’Ukraine. Dans le même temps, des messages ont été passés pour rappeler que l’Ukraine était tout, sauf abandonnée. «Nous ne restons pas les bras croisés. Nous apportons une quantité incroyable d’armement et d’assistance militaire à l’Ukraine», a martelé le conseiller Jake Sullivan.
Mercredi matin, lors de son tête-à-tête avec Volodymyr Zelensky, Joe Biden a déployé des trésors d’empathie et répété à son interlocuteur sa promesse «de lui obtenir ce dont vous avez besoin aussi rapidement que nous pouvons vous l’obtenir». Le président ukrainien a alors noté que les États-Unis avaient déjà livré plus de 40 milliards de dollars d’aide militaire et multiplié les messages de remerciements pour «l’aide énorme» reçue par l’Ukraine. Joe Biden a retourné les remerciements pour cette «reconnaissance envers le peuple américain».