Union EuropéenneEx-employé de Shell, le nouveau «Monsieur Climat» doit convaincre
Wopke Hoekstra, désigné au portefeuille du Climat à la Commission européenne, suscite la controverse. Il sera interrogé par les eurodéputés, lundi, qui doivent confirmer sa nomination.
Les eurodéputés passent lundi au gril le Néerlandais Wopke Hoekstra, chrétien-démocrate de 47 ans, ministre des Finances puis des Affaires étrangères, dans son pays, et désigné au portefeuille du Climat à la Commission européenne. Mais son début de carrière dans le secteur pétrolier suscite l’inquiétude quant aux ambitions environnementales de l’UE, à deux mois de la COP28.
Une procédure qui n’a rien d’une formalité
La présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, a attribué à Hoekstra la responsabilité du climat, mais il doit encore être confirmé dans ses nouvelles fonctions par un vote des eurodéputés. Le Néerlandais sera longuement interrogé lundi, par les membres de la commission parlementaire Environnement, qui se prononcera ensuite à huis clos sur sa désignation, avant un vote de confirmation de l’ensemble des eurodéputés jeudi.
La procédure n’a rien d’une formalité, tant le profil de Wopke Hoekstra suscite la controverse, en raison de son passage de deux ans chez le géant du pétrole Shell, suivi d’une carrière dans le cabinet de conseil McKinsey.
«Hoekstra n’est pas la bonne personne»
«Hoekstra n’est pas la bonne personne. Non seulement il manque d’expertise et d’expérience concernant le changement climatique, mais il a également aligné étroitement dans le passé ses positions sur la défense des combustibles fossiles», se sont insurgées dans une lettre commune une cinquantaine d’ONG écologistes, dont Greenpeace et Friends of the Earth.
Elles pointent son opposition initiale à l’arrêt rapide de l’exploitation du gisement gazier de Groningue et aux plans néerlandais de réduction des émissions d’azote, ou le soutien accordé sans critère environnemental à la compagnie aérienne Air France-KLM. Son inexpérience dans la diplomatie climatique est aussi fustigée alors qu’il devrait représenter l’UE lors de la COP28 à Dubaï, à partir du 30 novembre.
«Il a travaillé dans le pétrole, ça ne doit pas être un obstacle»
Des critiques qui agitent la gauche au Parlement européen, même si elle assure attendre la performance du Néerlandais pour arrêter sa position.
Seul son parti, le PPE (droite), a annoncé ouvertement soutenir Wopke Hoekstra. «Il a travaillé (dans le pétrole) il y a vingt ans, ça ne doit pas être un obstacle pour évaluer ses compétences! Il faudra qu’il s’explique dessus (... ) mais je ne pense pas que Shell ait influencé ses décisions de ministre des Affaires étrangères, ou des Finances», postes où il avait notamment lancé des émissions d’obligations vertes, souligne l’eurodéputé PPE Peter Liese.
Partisan d’une «action climatique ambitieuse»
Dans ses réponses écrites aux eurodéputés, consultées par l’AFP, Wopke Hoekstra s’est déjà efforcé de rassurer tous azimuts, se disant partisan d’une «action climatique ambitieuse», d’une coopération «de bonne foi» avec le Parlement, et proposant que Bruxelles prenne position, dès début 2024, sur les diverses options pour l’objectif 2040.
«Je suis pleinement déterminé à poursuivre des actions supplémentaires pour éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles», insiste-t-il, tout en rappelant son souci d’appliquer les mesures environnementales «sous une forme permettant à l’industrie d’investir efficacement (...) et lui offrant une stabilité réglementaire».