Procès du 13 novembre – Sofien Ayari dit qu’il «assume», mais seulement en partie

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Procès du 13 novembreSofien Ayari dit qu’il «assume», mais seulement en partie

Dans le box des accusés, le Tunisien a confirmé, mardi, qu’il est bien parti en Syrie rejoindre l’État islamique. Mais sur les attentats de Paris, il prétend qu’il n’avait «pas toutes les informations».

La Cour d’assises spéciale de Paris a interrogé, mardi, un compagnon de cavale de Salah Abdeslam en Belgique.

La Cour d’assises spéciale de Paris a interrogé, mardi, un compagnon de cavale de Salah Abdeslam en Belgique.

AFP

«Chacun doit prendre ses responsabilités.» Au procès des attentats du 13 novembre, Sofien Ayari a «assumé», mardi, son passé de combattant au sein de l’État islamique en Syrie, mais est resté plus évasif sur son retour en Europe et la mission qui lui avait été confiée.

Cheveux ras, barbe noire touffue sous son masque, veste de sport, le Tunisien de 28 ans confirme dans le box qu’il n’avait pas dit grand-chose pendant l’enquête. Ici non plus, il ne comptait pas s’exprimer, lance-t-il à la Cour d’assises spéciale de Paris. Mais les auditions des parties civiles l’ont fait «changer d’avis».

Il le «devait» notamment à cette femme, dit-il, qui voulait «comprendre ce qui se passait dans ma tête». «La moindre des choses, pour moi, c’est d’expliquer; si je peux le faire, je le fais», ajoute Sofien Ayari. «C’est bien», commente le président Jean-Louis Périès, un peu surpris.

Alors que d’autres accusés ont louvoyé, Sofien Ayari répond aux questions dans un français parfait: «Absolument», il est parti en Syrie en décembre 2014 pour rejoindre l’État islamique et combattre dans ses rangs.

Choix «politique», pas religieux

Pour expliquer son «choix», il raconte à la Cour la «révolution» en Tunisie en 2011, les printemps arabes qui s’ensuivent, la «solidarité» avec les Syriens pour qui ça ne se passe pas «aussi bien» que chez lui.

Son choix est «principalement politique» – «pas religieux» – et lié à la «colère» de la situation en Syrie, affirme Sofien Ayari. «On entend parler de «lignes rouges», elles sont transgressées, on parle d’autres lignes rouges, mais personne ne bouge.»

En Syrie, il est formé «trois-quatre semaines» aux armes. D’autres accusés ont rechigné à admettre avoir combattu, lui «assume». Au bout de quelques mois, il est grièvement blessé et part se remettre à Raqqa. C’est là qu’il sera «recruté» et acceptera une «mission» en Europe, demande le président. L’accusé acquiesce.

À la fin de l’été 2015, il a pris la route des migrants avec deux de ses coaccusés (dont un est présumé mort), comme d’autres membres des commandos en route pour la Belgique et la France. À Raqqa, explique-t-il, «j’ai commencé à voir les dégâts des bombardements, à voir les gens paniquer et courir dans les rues, à voir l’humiliation sur leurs visages».

«Les réponses ne peuvent pas toujours être aussi binaires»

«Ça a éveillé en moi des choses compliquées à gérer. J’ai peut-être suivi mes émotions. Le jour où on m’a dit «On va avoir besoin de vous ailleurs», bah, j’ai pris la décision de partir», souligne Sofien Ayari. «Personne ne m’a contraint», insiste-t-il.

Sur la «nature», le lieu de la «mission» qu’il devra accomplir en Europe, il dit en boucle qu’il n’avait «pas toutes les informations», sans convaincre. C’était bien pour «une action violente», pas «pour faire du tourisme», s’exaspère le président. L’accusé élude: «Je suis parti, c’est tout. Les réponses ne peuvent pas toujours être aussi simples, aussi binaires.»

«Je ne vais pas modifier mes réponses», répète plusieurs fois celui qui rappelle qu’il n’a pas pris part aux attentats du 13 novembre. «Si j’estimais que c’était la bonne chose à faire, je crois que j’aurais participé.»

(AFP)

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