États-UnisLa Maison-Blanche contre-attaque sur l’âge de Joe Biden
Un rapport d’enquête sorti jeudi et décrivant la mémoire de Joe Biden comme «mauvaise» a mis le camp du président américain dans l’embarras.
Commentaires «gratuits» et «déplacés», «motivations politiques»: la garde rapprochée de Joe Biden a tenté vendredi de contre-attaquer, après les commentaires dévastateurs d’un magistrat sur la mémoire défaillante du président américain.
La réaction la plus pugnace est venue de la vice-présidente Kamala Harris, qui a attaqué les «motivations politiques» du procureur spécial Robert Hur. Ce dernier a, dans un rapport d’enquête de 388 pages rendu public jeudi, portant sur une affaire de documents confidentiels, décrit le démocrate de 81 ans comme un «homme âgé avec une mauvaise mémoire».
Rappelant avoir été elle-même procureure de Californie, Kamala Harris a asséné que ces commentaires étaient «gratuits, incorrects et déplacés». «Nous devrions exiger un plus haut degré d’intégrité morale», a aussi dit la vice-présidente.
«Salir»
Un porte-parole de la Maison-Blanche, Ian Sams, n’a pas franchement contredit Kamala Harris, candidate avec Joe Biden à un second mandat, sur la question du motif politique. Il a laissé entendre que le magistrat, républicain, avait pu ressentir une pression le conduisant à aller «au-delà de ses attributions» dans la rédaction de son rapport, à neuf mois de l’élection présidentielle.
Et ce d’autant plus que le procureur spécial a décidé de ne pas poursuivre le président démocrate. Robert Hur avait été désigné en janvier 2023 pour enquêter sur la découverte de documents classés confidentiels datant de l’époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017) dans sa résidence de Wilmington (Delaware) ainsi que dans un ancien bureau.
Le sénateur démocrate de Pennsylvanie John Fetterman, dont l’État sera décisif pour l’élection de novembre, a dénoncé une opération menée par un procureur «nommé par Trump» afin de «salir» Joe Biden. Tous les proches du démocrate ne se sont pas risqués sur ce terrain politiquement glissant, alors que l’ancien président républicain, inculpé quatre fois au pénal, n’a de cesse de crier à l’instrumentalisation de la justice contre lui.
«Bon sang»
La porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre a choisi le registre personnel: «Je connais ce président depuis 2009. Il n’a pas été seulement mon chef, mais aussi mon mentor. Et personne dans ce bâtiment ne vous dirait ce que nous avons vu (dans le rapport du procureur spécial) à propos de sa mémoire.»
Robert Hur a écrit qu’un jury accorderait le bénéfice du doute à «un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire». Il a aussi assuré que le président, lors d’un interrogatoire, ne se souvenait plus exactement de l’année du décès de son fils aîné Beau.
«Comment diable ose-t-il?», a rétorqué jeudi soir Joe Biden, pour qui c’est un sujet extrêmement douloureux, lors d’une allocution télévisée. «Je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais, bon sang. Je n’ai pas de problèmes de mémoire», a-t-il tenté de se défendre, en contenant difficilement sa frustration. Mais cette intervention organisée à la hâte n’a pas convaincu tout le monde.
«Maison de retraite»
«Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire», a commenté un élu démocrate, Adam Smith. «Il était en colère, il n’y avait pas d’intention claire, cela ne s’est pas bien passé.» Pour ne rien arranger, Joe Biden a commis jeudi soir l’une des bourdes dont il est coutumier.
Interrogé sur la situation dans la bande de Gaza, il a fait référence au «président du Mexique, Sissi.» Il voulait en réalité parler du chef d’État égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Du pain bénit pour Donald Trump, 77 ans, qui va selon toute vraisemblance affronter à nouveau Joe Biden en novembre, et qui l’attaque depuis longtemps déjà sur le terrain de la vigueur mentale et physique.
En janvier, Donald Trump, qui lui aussi a des moments de confusion, sans que cela ne suscite autant de débats que l’âge de son rival, avait publié un clip de campagne moqueur, à base d’images peu avantageuses de son rival. La vidéo dépeint la Maison-Blanche en confortable «maison de retraite» où «les résidents se sentent comme des présidents.»