New YorkTrump renonce à témoigner à son procès
Le procès de l’ancien président dans l’affaire Stormy Daniels va s’achever sans le témoignage de l’accusé. Le jury va délibérer la semaine prochaine.
L’ancien président des États-UnisÉtats-Unis Donald Trump ne témoignera pas à son procès pour paiements dissimulés à une actrice de films X, où l’examen de l’affaire s’est achevé mardi, ouvrant la voie aux délibérations du jury la semaine prochaine, avant un verdict historique.
Après plus de quatre semaines de débats, une vingtaine de témoins et des milliers de pages de documents versés à la procédure, l’épilogue judiciaire se rapproche dans cette affaire aux enjeux considérables pour le candidat des républicains à l’élection présidentielle du 5 novembre.
La prochaine audience, purement procédurale, aura lieu jeudi. «Mardi (prochain), vous entendrez les plaidoiries» de la défense et de l’accusation, «et j’espère que vous commencerez à délibérer» le jour suivant, a indiqué le juge Juan Merchan aux jurés.
Lourde tâche
Le juge confiera alors aux douze citoyens new-yorkais qui ont religieusement suivi le procès depuis le 22 avril la lourde tâche de décider si Donald Trump s’est rendu coupable, au-delà de tout doute raisonnable, de 34 falsifications comptables liées au paiement de 130’000 dollars à la star de films X Stormy Daniels, pour s’éviter un possible scandale sexuel à la toute fin de la campagne présidentielle de 2016.
Ce paiement était destiné à acheter son silence sur une relation sexuelle que l’actrice, de son vrai nom Stephanie Clifford, affirme avoir eue avec Donald Trump en 2006, alors qu’il était déjà marié avec son épouse Melania. Donald Trump nie cette relation. Pour le déclarer coupable, l’unanimité des jurés sera requise. Durant plus de quatre semaines, le jury a vu défiler les principaux acteurs de l’affaire.
Stormy Daniels leur a raconté en détail le souvenir qu’elle garde de sa relation sexuelle avec le milliardaire républicain, un acte selon elle consenti mais où le «rapport de force» était «déséquilibré», et s’est expliquée sur les raisons qui l’avaient poussé à «vendre» son histoire.
Puis, l’ancien homme de confiance de Donald Trump, devenu son ennemi juré, Michael Cohen, a incriminé son ancien patron, assurant qu’il avait approuvé le paiement à l’actrice.
Michael Cohen s’en était chargé personnellement, avant que, selon ses dires, Donald Trump ne valide son remboursement une fois à la Maison-Blanche. C’est ce remboursement qui est au cœur de l’accusation, car les dépenses ont été maquillées en «frais juridiques» dans les comptes du groupe d’entreprises de la famille Trump, la Trump Organization, pour cacher selon l’accusation qu’elles avaient permis d’éviter un scandale sexuel en pleine campagne présidentielle.
«Je n’ai rien fait de mal»
Donald Trump est poursuivi pour falsifications comptables, mais les procureurs ont cherché à démontrer que cette dissimulation était destinée à «corrompre» l’élection présidentielle de 2016, remportée par le républicain sur le fil contre Hillary Clinton.
«Tout le monde dit qu’il n’y a pas de délit (...) Tous les experts disent qu’il n’y a pas de délit et que je n’ai rien fait de mal», a réitéré pour sa part l’ancien président des États-Unis, le premier de l’histoire à comparaître dans un procès pénal, à son arrivée au tribunal mardi.
Donald Trump avait assuré, avant le procès, qu’il témoignerait dans le prétoire. Mais ses avocats n’ont cité que deux autres témoins, signifiant qu’il renonçait. C’est ce que prédisaient de nombreux observateurs, soulignant qu’il s’exposait au risque d’un contre-interrogatoire sans pitié par les procureurs.
Une condamnation aurait l’effet d’un séisme politique pour le candidat des républicains, 77 ans, même s’il pourrait quand même se présenter le 5 novembre.
Michael Cohen, accusateur numéro 1
La défense a tout fait pour décrédibiliser les principaux témoins, à commencer par Michael Cohen, accusateur numéro un dont l’impression laissée aux jurés sera cruciale.
Durant un contre-interrogatoire qui s’est étalé sur trois jours, les avocats de Donald Trump n’ont rien épargné à celui qui s’est décrit lui-même comme l’homme des mauvais coups de l’ancien président, capable de «mentir» et d'«intimider» pour son compte, mais dont les versions ont varié et qui a déjà été condamné pour mensonge sous serment devant le Congrès américain.
Ce travail s’est poursuivi mardi avec le second et dernier témoin de la défense, l’avocat Robert Costello qui a remis en cause la version de Michael Cohen. Mais ce témoin a surtout marqué l’audience en faisant sortir de ses gonds le juge Juan Merchan, d’habitude imperturbable. S’exprimant de manière familière et théâtrale, ne masquant pas son exaspération face aux interventions du magistrat, Robert Costello a été sévèrement réprimandé et rappelé à l’ordre, le juge faisant même évacuer la salle pour s’expliquer avec lui.