Jura bernois: des chèvres attaquées, un loup filmé

À chaque jour son attaque du loup, ou presque. Ce week-end, tandis qu’un prédateur était filmé à Cortébert, au pied du Chasseral (1607 mètres), un troupeau de chèvres était attaqué à Perrefitte, sur un versant du Moron (1320 m). En publiant des photos des cadavres et d’un prélèvement génétique, l’éleveuse a pris congé de ses bêtes dont Ducati, Framboise et Myrtille .

En mentionnant les noms de ses chèvres, l’éleveuse met le public de son côté dans le conflit qui oppose partisans et adversaires du loup. Ses remerciements sont adressés aux proches qui l’ont soutenue, mais aussi aux chasseurs et aux gardes-faunes.

Les internautes ont réagi avec dégoût et révolte, mais ils ont aussi alimenté le débat avec leurs réflexions, par exemple en estimant que si la chasse était limitée, le gibier serait plus nombreux. Quelqu’un a répliqué que le loup est «juste opportuniste», mais une internaute fait l’unanimité en déclarant que «personne n’entend la douleur des éleveurs qui aiment leurs bêtes et qui les trouvent dans cet état».

Porte-parole de ces éleveurs, la Chambre d’agriculture du Jura bernois a remis samedi au Marché d’automne Champoz une lettre ouverte au conseiller fédéral Albert Rösti. En qualifiant le loup de «meurtrier et sadique», cette instance exige «l’autorisation de tir immédiate de ce ou ces loups à problèmes dans le Jura bernois».

Son président Martin Kohli n’a pas apprécié la position des autorités cantonales, selon qui les conditions pour tirer le loup ne sont pas remplies, les bêtes tuées jusqu’ici n’étant pas suffisamment protégées par des barrières électrifiées.

«À quelques semaines de la rentrée du bétail, entreprendre de tels travaux représente une charge de travail et financière complètement irrationnelle», estime la Chambre d’agriculture. Interrogé par la radio «RJB», Martin Kohli craint que des agriculteurs soient tentés de se faire justice eux-mêmes, une situation qu’il juge «dangereuse et regrettable».

Le président des agriculteurs indique que la détention de quelques chèvres ou moutons sert à entretenir les pâturages et lisières de forêts de manière écologique. Selon Martin Kohli, la diversité des petites exploitations familiales est en train de disparaître. Les étables très ouvertes et les programmes mis en place au nom du bien-être animal constituent selon lui «un réel buffet à volonté servi sur un plateau».