FootballCarlos Varela: «Qu’on m’aime ou non, on venait pour me voir»
À l’occasion de son 100e numéro, le magazine «Zwölf» a établi un classement des 100 joueurs les plus marquants du championnat de Suisse de football. La première place a été attribuée à Carlos Varela.
- par
- Lucien Willemin
Classer les 100 joueurs les plus marquants de l’histoire de l’élite du football helvétique, c’est la mission impossible à laquelle s’est attelé le magazine «Zwölf» pour son 100e numéro.
Dans le préambule de cette édition anniversaire, le pendant alémanique de «So Foot» précise ne pas s’être basé sur des critères «purement mesurables» comme le nombre de matches ou de buts, mais de s’être concentré sur les joueurs et joueuses ayant «déclenché quelque chose dans nos ligues, à quelque niveau que ce soit».
À la première place de ce classement, qui engendrera à coup sûr des débats endiablés, on retrouve Carlos Varela. Le natif de Genève, désormais consultant à blue Sport, champion de Suisse avec Servette en 1999 et avec Bâle en 2002 et passé par Young Boys et Neuchâtel Xamax, a répondu à nos questions à propos de cet honneur que le magazine lui a réservé.
Carlos Varela, qu’est-ce que ça vous fait d’avoir été désigné à la première place de ce classement?
Je suis assez fier. Ça me touche, car les journalistes ayant établi ce classement sont là depuis longtemps. Le fait qu’ils soient alémaniques signifie aussi quelque chose.
Comment l’expliquez-vous?
Ce qui ressort depuis que j’ai pris ma retraite et que je traverse la Suisse, c’est que les gens venaient au stade pour me voir, qu’ils m’aimaient ou non. J’ai disputé près de 600 matches et à chaque fois j’étais au boulot. J’arrivais au stade, je me préparais en 10 minutes et je donnais tout pour les autres, l’équipe et les supporters, que ce soit un match amical, un match de championnat ou de Coupe… J’étais le soldat de mes employeurs. Aujourd’hui, on ne parle que de stats, de stats et encore de stats, et ça tue l’amour qu’ont les supporters pour les joueurs.
Vous étiez un autre type de joueur…
Oui, et ça me fait vraiment plaisir qu’on reconnaisse les joueurs de caractère, charismatiques, qui avaient un esprit de battant. Dans chacun de mes clubs, je me donnais une semaine pour tout apprendre des supporters. Résultat, je ne me suis jamais fait siffler par les fans de mes clubs. Aujourd’hui, beaucoup de footballeurs arrivent quelque part et savent qu’ils ne seront que de passage. Je n’ai jamais fonctionné comme ça.
Pensiez-vous, durant votre carrière, obtenir un jour un tel honneur?
Non, jamais. Quand j’étais plus jeune, je n’avais pas de poster de footballeur dans ma chambre. J’ai toujours pris les étapes les unes après les autres. D’abord de jouer un match en pro, puis de viser le titre de champion et de jouer la Ligue des champions. Je ne me suis jamais dit: «Un jour, on parlera de moi.»
Finalement, vous avez souvent fait parler de vous…
Oui, mais je ne l’ai jamais cherché. J’ai toujours dit ce que je pensais, je n’ai jamais rien caché aux supporters et mes clubs ne m’ont jamais interdit de parler à la presse. J’étais d’ailleurs le client numéro 1 pour parler aux journalistes. Je le dis souvent aux jeunes: les médias font partie du même camp car ils les font exister.
À votre époque, vous avez côtoyé plusieurs joueurs du même calibre que vous. Lesquels mettriez-vous en haut de votre classement?
Je pense forcément à Hakan Yakin (ndlr: 10e du classement du «Zwölf») ou à Ricardo Cabanas (19e). Des gens qui ont donné corps et âme pour leurs clubs. Avec Cabanas, c’était assez marrant, car on avait tout pour s’entendre. On était tous les deux d’origine espagnole, on venait de la même région, mais on se détestait de par les rivalités qui opposaient nos clubs.
Vous serez honoré lors du jubilé du magazine le 19 janvier prochain…
Oui, je vais recevoir un Oscar! (Il rit) Il y aura une table ronde et toute une célébration. Depuis que le magazine est paru, j’entends beaucoup de joueurs être contents de simplement figurer parmi les 100. Du coup, de mon côté, je me sens presque gêné d’être le numéro 1.