Silence de Pékin après la destitution du ministre des Affaires étrangères

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ChineSilence de Pékin après la destitution du ministre des Affaires étrangères

Pékin a refusé de commenter mercredi la retentissante destitution la veille de son désormais ex-ministre des Affaires étrangères, Qin Gang, déjà retiré du site Internet du ministère. 

Qin Gang, le 12 mars 2023 à Pékin.

Qin Gang, le 12 mars 2023 à Pékin. 

AFP

La Chine a refusé de commenter mercredi la retentissante destitution la veille de son désormais ex-ministre des Affaires étrangères, Qin Gang, déjà retiré du site Internet du ministère. Nommé fin décembre 2022, Qin Gang n’a fait aucune apparition publique depuis un mois et a été formellement relevé de ses fonctions mardi par le Parlement, après seulement un peu plus de 200 jours à son poste.

Cette décision fait suite à plusieurs semaines d’incertitudes et de rumeurs sur le sort de cet ex-ambassadeur aux États-Unis (2021-2022), âgé de 57 ans et réputé proche du président Xi Jinping. Interrogée mercredi après-midi sur le sort de Qin Gang, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, a renvoyé les journalistes à un article publié par les médias d’État: «En ce qui concerne cette question, Chine nouvelle a déjà publié des informations, vous pouvez vous y référer», a-t-elle répondu.

Effacé du site web du ministère

Cependant, «les activités diplomatiques de la Chine continuent toutes d’avancer», a ajouté Mao Ning, lors de son point presse régulier. Mercredi matin, toute référence à Qin Gang sur le site Internet de son ancien ministère de tutelle avait été retirée. Une recherche avec son nom ne donne aucun résultat et les liens vers les articles qui évoquaient ses activités diplomatiques renvoient désormais vers un message indiquant que la page «n’existe pas ou a été effacée».

Qin Gang n’a en revanche pas disparu du reste de l’Internet et son nom et ses photos restent accessibles sur les réseaux sociaux, les articles de la presse et d’autres sites Internet officiels comme celui du gouvernement central. Le ministère des Affaires étrangères avait justifié début juillet l’absence du ministre par des «raisons de santé» avant de refuser de donner davantage d’informations sur sa situation.

«Imprévisible»

Les médias officiels n’ont donné aucune justification mardi à la destitution de Qin Gang. Selon un analyste, la disparition de toute référence sur le site du ministère semble toutefois indiquer qu’il est tombé en disgrâce. «S’il s’agissait d’un camarade respecté qui était juste tombé malade, je ne pense pas qu’ils feraient ça», a écrit le sinologue Bill Bishop dans sa lettre d’information Sinocism.

Qin Gang n’a pas été vu en public depuis le 25 juin, jour où il a notamment rencontré à Pékin le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Andreï Rudenko. Les rumeurs se sont multipliées sur les réseaux sociaux en son absence, notamment celle qu’une liaison adultère avec une présentatrice d’une chaîne de télévision de Hongkong lui aurait coûté sa place.

«Les gens à l’extérieur du système n’ont aucune idée de ce qui se passe et cet épisode démontre que la politique chinoise devient de plus en plus imprévisible et instable, même si elle est calme en apparence», déclare à l’AFP Ho-fung Hung, spécialiste de la Chine à l’université Johns-Hopkins (États-Unis).

Proximité avec Xi

Diplomate de carrière, Qin Gang est devenu proche de Xi Jinping lorsqu’il était chef du protocole (2014-2018) et accompagnait notamment le président dans ses déplacements. C’est cette proximité avec le chef de l’État, selon certains analystes, qui lui a permis de monter peut-être plus rapidement les échelons que d’autres collègues et de devenir vice-ministre, ambassadeur aux États-Unis, puis ministre.

Mais la destitution de Qin Gang semble montrer qu’aucun diplomate n’est prémuni contre les vicissitudes de la politique chinoise, estime un analyste. «Je pense que les principales conséquences (de cette affaire) seront pour les hauts fonctionnaires chinois, avec cette idée que personne n’est à l’abri, quel que soit son rang ou le soutien dont il bénéficie de la part de Xi Jinping», déclare à l’AFP Neysun Mahboubi, spécialiste du droit chinois.

Qin Gang a été remplacé en tant que ministre des Affaires étrangères par le chef d’orchestre de la diplomatie chinoise, Wang Yi, un diplomate aguerri qui était son prédécesseur à ce poste, entre 2013 et 2022. 

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(AFP)

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