SénégalLe bilan passe à 16 morts, mais les tensions diminuent
Dimanche, des activités de la vie quotidienne reprenaient, après que de vives tensions ont émergé au Sénégal. Mais le bilan a par contre pris l’ascenseur.
La tension retombe progressivement au Sénégal où des heurts de moindre intensité ont fait une nouvelle victime samedi, portant à 16 le nombre officiel de morts depuis la condamnation jeudi de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko à deux ans de prison.
Les Sénégalais continuent de redouter une arrestation du candidat déclaré pour la présidentielle de 2024. Alors que les camps d’Ousmane Sonko et du président Macky Sall se renvoient la responsabilité des violences et des morts, le gouvernement a décidé de couper «temporairement» internet sur les téléphones.
Des «forces occultes»
Dans un communiqué dimanche, le Pastef, parti d’Ousmane Sonko, condamne «la répression meurtrière des forces de défense et de sécurité» et accuse le pouvoir d’utiliser «des milices privées» pour «mater» les populations civiles. Il donne un bilan de 19 morts parmi les manifestants. Il continue d’exhorter les Sénégalais «à se défendre par tous les moyens et à riposter».
Le gouvernement dénonce pour sa part les «actes de vandalisme et de banditisme», œuvre des partisans d’Ousmane Sonko soutenus par des «forces occultes», «des étrangers» venus «déstabiliser le pays» et le «plonger dans le chaos». Il affirme que certains manifestants sont armés. Le ministre de l’Intérieur a annoncé samedi avoir mené quelque 500 arrestations.
«Nette baisse des points de tension»
La présence des forces de sécurité a légèrement diminué dimanche à Dakar où de nombreux magasins restent fermés. Plusieurs quartiers qui avaient connu des accès de violence jeudi et vendredi dans la capitale sont restés calmes samedi.
Le Ministère de l’intérieur a communiqué dimanche sur une «nette baisse des points de tension et des arrestations». «Beaucoup d’activités ont repris hier (samedi) soir et ce (dimanche) matin avec la fin de l’interdiction de la circulation des motocycles», a-t-il ajouté. Des poubelles, qui commençaient à s’entasser dans certains quartiers de la capitale, ont été ramassées.
Internet coupé
Mais le gouvernement a suspendu dimanche internet sur les téléphones «en raison de la diffusion de messages haineux et subversifs», alors que les réseaux sociaux, comme WhatsApp, Facebook ou Twitter, étaient déjà indisponibles. «L’internet des données mobiles est suspendu temporairement sur certaines plages horaires», dit un communiqué du Ministère de la communication, des télécommunications et de l’économie numérique.
Des manifestations spontanées ont suivi jeudi la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la «débauche» une jeune femme de moins de 21 ans. Cette décision le rend pour l’heure inéligible. Ousmane Sonko, populaire auprès des jeunes, crie depuis le début de l’affaire à un complot du président Macky Sall pour l’éliminer politiquement.
Le ministre de la Justice a déclaré que l’opposant pouvait être arrêté «à tout moment». Cette éventuelle arrestation pourrait relancer le cycle de violences. Ousmane Sonko se dit «séquestré» dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d’approcher. Il n’a pas pris la parole publiquement depuis sa condamnation.
Décision de justice
Dimanche, le garde des Sceaux, Ismaila Madior Fall a rappelé sur une radio locale que «l’exécution de la décision de la justice incombe au Parquet». Or, il a expliqué que la décision de justice n’était pas encore rédigée. Il n’y a pas de délai pour l’exécution de la décision de justice, mais elle a vocation à être appliquée, a-t-il dit.
Samedi soir, un des chefs de file de la coalition de l’opposition, le maire de Dakar Barthélémy Dias, a appelé le président Macky Sall à s’exprimer et à renoncer à une candidature à un troisième mandat. Après plusieurs déclarations dans lesquelles il affirmait qu’il ne se présenterait pas en 2024, Macky Sall laisse désormais planer le doute sur une candidature. Ses opposants estiment qu’il finit ses deux mandats légaux.