IsraëlTensions à Jérusalem lors de la «marche des drapeaux»
Alors que les nationalistes israéliens ont défilé dans la Ville sainte dimanche, plusieurs incidents ont fait au moins 40 blessés durant la journée.

Des nationalistes israéliens brandissant le drapeau d’Israël dimanche à Jérusalem.
AFPDes milliers d’Israéliens ont défilé dimanche dans la Vieille Ville de Jérusalem pour la «marche des drapeaux» marquant la conquête de la partie orientale de la Ville sainte par Israël, sur fond de crainte de nouveaux affrontements avec des Palestiniens qui considèrent ces célébrations comme une provocation.
Heurts et insultes
La tension était forte dimanche à Jérusalem avant même le début vers 15h (13H00 GMT) de cette marche annuelle, partie du centre de Jérusalem pour se terminer au Mur des Lamentations, site de prière le plus sacré du judaïsme en contrebas de l’esplanade des Mosquées. Elle a traversé la Vieille Ville, située à Jérusalem-Est, secteur occupé par Israël depuis 1967 et annexé.
Les Israéliens, dont une grande part de jeunes et de nationalistes, sont entrés dans la Vieille Ville en passant par la «porte de Damas», qui donne sur le quartier musulman. «Ce jour commémore la libération de notre ville antique, de notre ancienne capitale, Jérusalem», a lancé Jonathan Bnidik dans la foule.
«Ici, c’est notre pays, un point c’est tout! Les Palestiniens ne sont que des invités», a déclaré à l’AFP Ofer Amar, un autre marcheur israélien de 18 ans. De brefs heurts ont opposé des Palestiniens et des policiers israéliens devant la «porte de Damas», selon un photographe de l’AFP sur place. Au même endroit, des membres du groupe de hooligans anti-arabes «La Familia» ont scandé «Mort aux Arabes», selon des témoins.
Dans le quartier musulman des projectiles ont été lancés sur des marcheurs, a constaté un journaliste de l’AFP, ainsi que des bouteilles d’eau sur des brancardiers transportant un Palestinien blessé. A travers Jérusalem, au moins 40 personnes ont été blessées dimanche dans différents incidents, selon le Croissant-Rouge palestinien. Un petit drone coiffé d’un drapeau palestinien a volé brièvement au dessus de la «porte de Damas» avant d’être ramené au sol par la police.
Face à face
La majorité des commerçants ont fermé boutique dans le quartier musulman et les habitants sont restés chez eux. Dans la rue, avant la marche, des dizaines de jeunes juifs nationalistes ont chanté et dansé en agitant des drapeaux israéliens devant des Palestiniens. «Vous avez vu ça? Il n’y a pas de respect. Si les commerces sont fermés ce n’est pas que nous avons peur mais parce que nous savons qu’il n’y aura pas de clients aujourd’hui», a lancé Sami, un commerçant.

Le ténor de l’extrême droite israélienne Itamar Ben Gvir s’est rendu sur l’esplanade des Mosquées, lieu saint au coeur des tensions israélo-palestiniennes dans la Vieille ville à Jérusalem-Est. L’esplanade est le troisième lieu saint de l’islam et aussi le site le plus sacré du judaïsme sous son nom de «Mont du Temple». «Je suis venu aujourd’hui affirmer que nous, l’Etat d’Israël, sommes souverains ici», a lancé Itamar Ben Gvir.
En vertu d’un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade des Mosquées à des heures précises mais ne peuvent y prier. Or, ces dernières années un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une «provocation» par les Palestiniens. Dimanche, environ 2600 non-musulmans, des touristes et des Israéliens, ont visité avant la marche l’esplanade, un nombre beaucoup plus élevé qu’à l’accoutumée pour une seule journée, a indiqué la police.