Post-Brexit – L’île de Jersey accorde 95 licences de pêche à des bateaux français

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Post-BrexitL’île de Jersey accorde 95 licences de pêche à des bateaux français

Si 95 licences ont été distribuées, 75 bateaux ont été recalés car «ils n’ont exercé aucune activité de pêche dans les eaux de Jersey au cours de la période en question».

Début mai, des dizaines de bateaux de pêcheurs normands et bretons s’étaient massés devant le port de Saint-Hélier à Jersey.

Début mai, des dizaines de bateaux de pêcheurs normands et bretons s’étaient massés devant le port de Saint-Hélier à Jersey.

AFP

Loin des demandes de Paris, l’île anglo-normande de Jersey va accorder 64 licences définitives à des bateaux français pour pêcher dans ses eaux, provoquant la colère des pêcheurs de l’Hexagone au sujet de l’un des principaux sujets de tensions post-Brexit.

Au lendemain de l’octroi par Londres de seulement 12 autorisations supplémentaires dans les eaux britanniques, l’annonce du gouvernement de Jersey sonne comme un avis de tempête sur la Manche. «Il est évident que le compte n’y est pas», a déclaré à l’AFP le président du comité national des pêches, Jean-Luc Hall.

Avant une réunion des représentants de la profession dans la journée au ministère français de la Mer, Dimitri Rogoff, président du comité des pêches de Normandie, a averti que les pêcheurs étaient «prêts à aller à l’assaut de Saint-Hélier», capitale de Jersey.

Soixante-quatre licences définitives

L’accord post-Brexit conclu in extremis à la fin de l’année dernière entre Londres et Bruxelles prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d’obtenir une licence, accordée s’ils peuvent prouver qu’ils y pêchaient auparavant.

La question est particulièrement disputée à Jersey, île anglo-normande toute proche des côtes françaises. En mai dernier, une flottille de pêcheurs normands et bretons s’était massée devant le port de Saint-Hélier pour défendre leur droit de continuer à pêcher dans ces eaux. Londres y avait envoyé deux patrouilleurs pendant quelques heures.

Selon le gouvernement de Jersey, 64 bateaux qui ont fourni l’intégralité des pièces justificatives requises se verront délivrer une licence définitive. Cela s’ajoutera aux 47 licences déjà délivrées depuis le début de l’année. Trente et un bateaux qui devront fournir des éléments supplémentaires se verront quant à eux délivrer une licence provisoire leur donnant jusqu’à la fin janvier 2022 pour apporter les pièces demandées.

Septante-cinq bateaux recalés

Septante-cinq bateaux ont été recalés car ils «n’ont exercé aucune activité de pêche dans les eaux de Jersey au cours de la période en question ou n’ont pas été en mesure de justifier d’une telle activité», selon le gouvernement jersiais.

Ils devront «cesser toute activité de pêche dans les eaux de Jersey dans un délai de 30 jours», mais «d’ici là, les autorités jersiaises continueront néanmoins de recevoir et d’examiner toute nouvelle pièce ou donnée présentée».

Délivrer ces licences dans les tout prochains jours nous permettra de veiller à ce que l’effort de pêche dans nos eaux reste comparable à la situation qui prévalait avant le Brexit.

John Young, ministre de l’Environnement

«Délivrer ces licences dans les tout prochains jours nous permettra de veiller à ce que l’effort de pêche dans nos eaux reste comparable à la situation qui prévalait avant le Brexit», a souligné le ministre de l’Environnement de Jersey John Young.

Ce nouveau revers pour la pêche française intervient alors que le gouvernement britannique a annoncé mardi qu’il n’accorderait que 12 nouvelles licences, sur 47 demandes, à des bateaux européens de moins de 12 mètres pour pêcher dans ses eaux territoriales (zone des 6-12 milles nautiques). Au total, en incluant les autorisations délivrées précédemment par Londres, 100 licences sur 175 ont été accordées, selon le ministère de la Mer français.

Colère française

La ministre Annick Girardin a fustigé mardi soir «un nouveau refus des Britanniques de mettre en application les conditions de l’accord du Brexit», estimant que «la pêche française ne doit pas être prise en otage par les Britanniques à des fins politiques». Dans les Hauts-de-France, région la plus concernée par les annonces de Londres, la colère monte.

«Il y a une forte tension sur les quais, et je m’attends au pire dans les jours ou les semaines à venir», a déclaré à l’AFP Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches, «il arrive un moment où il faut mettre la pression côté britannique, qui ne respecte pas ses engagements».

Le gouvernement français a dénoncé mercredi, par la voix de son porte-parole Gabriel Attal, des «décisions totalement inacceptables et inadmissibles» après le refus des autorités britanniques et de Jersey de délivrer à des bateaux français toutes les licences de pêche demandées. Ce «sont des décisions qui contreviennent à l’accord qui a été signé dans le cadre du Brexit», a déploré M. Attal à la sortie du Conseil des ministres, en assurant comprendre «l’inquiétude» et «la colère» des pêcheurs français.

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