ValaisRiddes: la scierie de Jean-René Fournier à l’arrêt
Après des années de combat, les voisins d’une scierie au milieu du village ont enfin obtenu gain de cause. Le Tribunal cantonal a ordonné l’arrêt des activités à cause des nuisances sonores. No comment du Conseil d’État.
- par
- Eric Felley
«La scierie Fournier a pu bénéficier durant de nombreuses années d’un traitement de faveur illégal par le Conseil communal de Riddes et par le Conseil d’État», c’est par ce constat implacable, que l’avocat valaisan Michel Ducrot commente dans «Le Nouvelliste» une affaire qu’il suit pour un client depuis une douzaine d’années. Le Tribunal cantonal vient d’ordonner l’arrêt immédiat des activités de cette scierie installée au milieu du village depuis septante ans. Pour certains voisins, qui luttaient depuis plus de quinze ans contre ces nuisances sonores, c’est un infini soulagement.
«Devant le fait accompli»
Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est que la scierie appartient de longue date à la famille Fournier, d’où les accusations de Me Ducrot. Actuellement son conseil est présidé par l’ancien conseiller d’État et aux États Jean-René Fournier. Jusqu’ici toutes les tentatives pour faire diminuer le bruit ont échoué. Dans sa décision, le Tribunal cantonal justifie l’arrêt des installations par le niveau des atteintes sonores et le nombre de personnes incommodées dans onze bâtiments. Il relève aussi que la société Fournier «a réalisé de nombreuses constructions sans mises à l’enquête» et a fait preuve d’une attitude «qui consiste à mettre l’autorité, depuis de nombreuses années, devant le fait accompli».
En 2009 déjà, un rapport établissait le dépassement des valeurs limites de bruit. En 2013 toutefois, un autre rapport établissait que tout était en ordre à la suite de nouvelles mesures. Mais, comme le relève le TC, elles avaient été effectuées alors que «l’activité de la scierie avait été sciemment et drastiquement diminuée». Les installations ont donc continué de fonctionner jusqu’à aujourd’hui.
Assainir ou déménager
À la commune de Riddes, la présidente Christel Duc réfute les accusations de passivité: «Il est faux de prétendre que la commune n’a rien fait pour régler ce dossier très complexe». L’autorité communale a aujourd’hui mandaté un expert indépendant et exigé de l’entreprise un plan d’assainissement d’ici le 6 décembre. Du côté de la scierie, où huit personnes sont à l’arrêt, son codirecteur Antoine Fournier hésite: «Ce sera soit l’assainissement, soit le déménagement».
Mercredi, toujours selon «Le Nouvelliste», le Conseil d’État valaisan n’a pas voulu commenter cette décision du TC «dans un dossier dont il aura peut-être encore à traiter comme autorité de surveillance». Il a toutefois précisé: «Jean-René Fournier n’est jamais intervenu, de quelque manière que ce soit, auprès du service qui a instruit le dossier, ou après du Conseil d’État». En avait-il besoin? Le principal intéressé n’a pas voulu s’exprimer.