Télévision françaiseJean-Marc Morandini de retour au tribunal pour harcèlement sexuel
L’animateur français sera jugé, mardi et mercredi, pour avoir demandé, lors d’un tournage, à des jeunes comédiens, des vidéos d’eux nus, avec masturbation. Il a, il y a peu, été condamné dans un autre cas.
L’animateur de télévision français Jean-Marc Morandini, 57 ans, condamné en décembre à un an de prison avec sursis pour «corruption de mineurs», va retrouver, mardi, le chemin du tribunal, pour y être jugé pour «harcèlement sexuel» à l’encontre d’un jeune comédien.
Sa société de production, Ne zappez pas! Production, dont il est l’unique gérant, est poursuivie, de son côté, pour le «travail dissimulé» de cinq plaignants. Le procès devant le Tribunal judiciaire de Paris est prévu sur deux journées.
L’affaire pour laquelle l’animateur de CNews doit être jugé concerne le tournage, entre juin et septembre 2015, d’une websérie intitulée «Les Faucons», dont Jean-Marc Morandini était le producteur. L’animateur aurait encouragé de jeunes comédiens, âgés au moment des faits de 19 à 26 ans, à s’exhiber nus pour les castings de cette série. Une pseudo-«directrice de casting», Catherine Leclerc – en réalité Jean-Marc Morandini sous pseudonyme – leur avait adressé des courriels pour leur demander avec insistance d’envoyer des vidéos d’eux nus, le pubis rasé et des scènes de masturbation parfois avec éjaculations.
«Personnage totalement fictif»
Lors d’une audition, en septembre 2021, l’animateur avait expliqué qu’il ne souhaitait pas faire apparaître son nom dans la série et avait «imaginé un personnage virtuel, Catherine Leclerc, en récupérant au hasard une photo sur internet d’une femme de 40 ans».
Selon les enquêteurs, le «personnage totalement fictif» de Catherine Leclerc constituait une «figure maternelle et sécurisante, inspirant confiance» notamment au plus jeune des plaignants, comédien sans agent, sans formation et sans expérience du milieu du cinéma, l’incitant «à toujours repousser ses limites dans l’acte de nature sexuelle, sous le prétexte allégué de travailler sa posture de comédien».
Ce jeune comédien, âgé de 18 à 19 ans au moment des faits, avait notamment reçu, en août 2015, deux e-mails de «Catherine» signés «Maman», lui demandant s’il était prêt à faire une fellation à Jean-Marc Morandini, «qui n’est pas n’importe qui». Le jeune homme, soucieux de ne pas passer à côté de l’opportunité de devenir comédien, répondait: «Il est évident que je ne vais pas faire le difficile sur la nudité. J’obéirai à ce que vous m’ordonnerez.»
Affaire classée, puis relancée
L’animateur avait peaufiné le personnage de «Catherine», allant jusqu’à évoquer des éléments de vie fictive, femme mariée avec un fils, lors des échanges de courriels avec le jeune comédien. Par ailleurs, il avait reconnu «avoir pris des photographies de certains candidats nus dans son bureau, afin de savoir s’ils étaient à l’aise».
Le Parquet de Paris avait, dans un premier temps, classé sans suite son enquête sur cette affaire, en décembre 2016. Les plaignants avaient obtenu, en 2018, la reprise des investigations par un juge d’instruction, qui avait finalement décidé de renvoyer l’affaire devant un tribunal.
Il a fait appel dans une autre affaire
Le chef de harcèlement sexuel a été retenu à l’encontre de Jean-Marc Morandini au préjudice du seul jeune comédien. Concernant ce jeune comédien et quatre autres plaignants, la justice a également retenu l’infraction de travail dissimulé par dissimulation de salarié, les comédiens n’ayant pas été déclarés dès le premier jour du tournage. L’édition de fiches de paie et la transmission des chèques de rémunération aux différents acteurs a été mise en œuvre «bien après» la réalisation effective des tournages, à une période «où des plaintes avaient déjà été diligentées», ont relevé les enquêteurs.
En décembre dernier, l’animateur avait été condamné à une peine d’un an de prison avec sursis, assortie d’une obligation de soins de deux ans et de son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, pour des faits de «corruption de mineurs» commis sur trois adolescents entre 2009 et 2016, lors d’échanges électroniques à caractère sexuel et d’un casting à son domicile. Il a fait appel de cette condamnation.