Football: Tout n’est pas parfait, mais la Suisse a de la continuité

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FootballTout n’est pas parfait, mais la Suisse a de la continuité

La victoire 3-0 contre Israël a eu le mérite de s’inscrire dans la même idée de système et de jeu que celle contre la Biélorussie. Mais les automatismes demandent encore à être travaillés.

Valentin Schnorhk Genève
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Valentin Schnorhk Genève

     

Huit buts marqués en deux matches. Aucun encaissé. Difficile de ne pas tenir un discours résolument positif après cette entame de campagne de qualification pour l’Euro 2024 de la part de l’équipe de Suisse. Le succès 3-0 contre Israël mardi est net, et il démontre une deuxième fois la supériorité qu’elle a dans ce groupe.

Zeki Amdouni et Denis Zakaria ont symbolisé cette Suisse qui a fini par trouver des solutions mardi.

Zeki Amdouni et Denis Zakaria ont symbolisé cette Suisse qui a fini par trouver des solutions mardi.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Mais on l’a souvent dit ces derniers jours, on ne peut pas se contenter du résultat durant cette année. Et ce match contre Israël a permis de voir certaines belles actions, mais il a aussi parfois illustré les difficultés offensives qu’a encore cette sélection. Reste qu’au moins, elle semble à peu près savoir où elle entend aller.


Les trois enseignements

  • Il y a eu de la continuité du côté de l’équipe nationale, de samedi à mardi. Face à Israël, la Suisse a répété son système en 4-3-3, en cherchant les mêmes mécanismes offensifs qu’elle avait tenté de mettre en place contre la Biélorussie. La première période internationale de cette année 2023 trace donc une ligne. Se poursuivra-t-elle en juin?

  • Face à une équipe qu’on attendait menaçante, Murat Yakin peut avoir la satisfaction d’avoir vu sa formation être très sereine défensivement. Elle n’a presque rien concédé aux Israéliens, grâce à une organisation avec ballon qui lui a permis de se protéger de toutes les contre-attaques, ou presque.

  • La Suisse peut certes avoir la satisfaction d’avoir remporté ses deux premiers matches, mais elle ne doit pas non plus perdre de vue le niveau de ses adversaires. Mardi, elle a dû faire preuve de patience, avant de trouver la faille. Reste que la victoire à l’usure ne doit pas devenir une norme dans ce groupe-là. Il faudra trouver d’autres chemins.


Le meilleur Suisse: Ruben Vargas

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C’est une activité récompensée. C’est aussi une capacité à être décisif, puisque Ruben Vargas a marqué le premier but mardi, avant de centrer pour le second. Il a également donné un ballon de but à Amdouni que ce dernier n’a pas transformé, au terme d’une contre-attaque. Dès lors qu’il a pu trouver de l’espace, l’ailier d’Augsburg s’est montré pertinent.

Mais ce qui le rend intéressant dans cette animation helvétique, c’est son intelligence de jeu et sa capacité à créer des complémentarités avec Rodriguez, Xhaka ou encore Itten. S’il peut briller dans ce contexte, c’est avant tout parce qu’il sait profiter des autres pour exprimer ses qualités. Dans ce football fait de mouvements que la Suisse doit éprouver en 2023, il s’impose.


Le moins bon Suisse: Cedric Itten

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Ce n’est sans doute pas rendre honneur à son implication sur quelques actions offensives, et notamment celle qui a amené le 2-0. Il paye aussi peut-être un jeu qui lui correspond moins, lui qui brille dans un Young Boys qui passe son temps à arroser de centres la surface adverse. Dans une approche plus combinatoire, sa présence est moins évidente, surtout au niveau international.

Le fait est qu’un attaquant plus mobile demande à être vu dans ce système (ce sera sûrement le cas une fois qu’Embolo sera de retour). Parce qu’Itten touche trop peu de ballons dans ce rôle et, surtout, il n’est que peu mis dans des conditions de se créer des occasions. Il n’est pas le profil idoine pour ce poste.


La décla’

«L’objectif, c’est toujours de placer les joueurs dans les meilleures dispositions. Actuellement, cela veut dire que Freuler et Xhaka jouent plus haut au milieu.»

Murat Yakin, sélectionneur de l’équipe de Suisse

Le fait tactique: éliminer la première ligne, pas simple

Après un 3-0, on pourrait se contenter de ce qui a fonctionné. Mais il y a une vérité qui s’est imposée durant une partie de la première mi-temps, là où Israël donnait vraiment du fil à retordre à cette équipe de Suisse: les automatismes pour faire avancer le jeu et, surtout, éliminer la première ligne adverse n’étaient pas tout à fait maîtrisés.

C’est à plusieurs niveaux que cela se décortique. En premier lieu, il y a les défenseurs. Avec leur bloc médian en 4-4-2, les Israéliens ont contraint les Suisses de repartir avec une ligne de trois, histoire de créer une supériorité numérique. Tâche dévolue à Denis Zakaria, en tant que milieu défensif désigné. Le Genevois s’est parfois placé au centre de la paire Akanji-Elvedi, parfois sur un côté.

Dans ce genre de situation, il y a un idéal: fixer balle au pied l’un des adversaires, pour décaler le partenaire qui n’est pas marqué de près. C’est le modèle. Lorsqu’il n’est pas reproduit, il y a un défaut, que l’on identifie aisément: personne n’avance avec le ballon, et le recours aux passes horizontales vers des latéraux enfermés se multiplie. Alors on finit par allonger, sans créer de décalage. La première demi-heure de l’équipe de Suisse a ressemblé à ça mardi. Jusqu’à ce que la solution finisse par être trouvée, notamment sur le 1-0.

Mais cela ne dépendait pas que de Denis Zakaria, qui est l’auteur de la passe verticale qui a tout déclenché. L’autre niveau d’une action réussie face à un bloc compact, c’est le mouvement plus haut dans le terrain. La Suisse l’a travaillé durant la semaine, mais ne l’intègre pas encore si facilement. Surtout lorsqu’elle est gênée au niveau de la première ligne, ce qui n’était pas le cas contre la Biélorussie, lorsque Xhaka, Rodriguez et Vargas ont pu briller.

Pour que tout soit fluide, cela suggère donc des mouvements complémentaires. Par exemple, l’ailier qui vient à l’intérieur, alors que le relayeur prend la profondeur et le latéral la largeur. Ce sont des combinaisons qui facilitent beaucoup de choses parce qu’elles contraignent les défenseurs à faire des choix. Alors, il y a des espaces qui s’ouvrent.

Sur l’ouverture du score, il y en a ainsi eu un pour Amdouni. Sur le 2-0, c’est Vargas qui a été libéré, parce qu’Itten a pu être touché en déviation. Et, à l’origine du 3-0, c’est Rodriguez que la Suisse a trouvé dans le demi-espace. Alors, tout devient plus facile.


La statistique

0,1, comme le nombre d’Expected Goals concédés par la Suisse mardi. Cela correspond à quatre frappes, c’est dire le faible niveau de danger auquel a été confronté Yann Sommer. Symbole autant d’un match très bien géré défensivement que de la difficulté qu’a eu Israël dans les avant-derniers gestes.


Une question pour penser l’avenir

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Lorsque les blessés reviendront, ce 4-3-3 sera-t-il toujours ouvert à des joueurs qui ne sont pas titulaires sur le papier, à l’instar de Denis Zakaria ou Zeki Amdouni?

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