Les impôts déduits du salaire: l’idée n’a pas la cote 

Publié

ParlementLes impôts directement déduits du salaire: l’idée n’a pas la cote

Une commission du National rejette la proposition de prélever directement sur les salaires les impôts des travailleurs. Trop de boulot en plus, estime-t-elle.

Yannick Weber
par
Yannick Weber
La déclaration d’impôt ne disparaîtrait pas, même si les acomptes étaient prélevés sur le salaire.

La déclaration d’impôt ne disparaîtrait pas, même si les acomptes étaient prélevés sur le salaire.

20min/Vanessa Lam

Trop de travail en plus pour des résultats qui restent à démontrer: telle est la position de la commission de l’économie et des redevances du Conseil national, qui s’est penchée sur la proposition du conseiller national Emmanuel Amoos (PS/VS), déposée au Parlement en juin dernier. 

Son idée: «un prélèvement direct facultatif des impôts sur le revenu», comme c’est déjà le cas pour les personnes qui travaillent en Suisse mais qui n’y ont pas de permis de séjour permanent. Les entreprises «verseraient une partie du salaire mensuel brut directement aux différents services des contributions. Le montant versé étant considéré comme un impôt volontaire payé d’avance, il rapporterait des intérêts. Son objectif: réduire les risques que des contribuables s’endettent avec des arriérés d’impôts, une situation qui concerne environ 10% de la population.

Facultatif rime-t-il avec inutile?

Or la commission est sceptique. La pratique «entraînerait une augmentation de la charge de travail administratif, tant pour les entreprises que pour l’administration, tandis que les contribuables seraient quand même obligés de remplir leur déclaration d’impôts», écrit-elle dans son communiqué publié mardi soir. Si les personnes s’endettent, c’est parce qu’elles ont de la peine à gérer leur budget en général, et non pour une simple raison fiscale. Quant au fait de rendre la chose facultative, cela entraîne une inefficacité de la mesure, dit la commission.

Tout espoir n’est pas perdu pour les défenseurs de l’idée, qui sont issus de partis de gauche comme de droite, puisque 85 élus ont co-signé l’initiative d’Emmanuel Amoos. En commission, celle-ci a été refusée par 15 voix contre 10 pour. La minorité estime que les entreprises savent déjà comment gérer l’impôt à la source puisque «la plupart doivent déjà le payer» pour leurs salariés qui y sont soumis. 

Tentative nationale

Emmanuel Amoos n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà soutenu l’imposition à la source au Grand Conseil valaisan. En 2017, le Parlement cantonal avait assez sèchement refusé d’étudier la faisabilité du projet, par 93 voix contre 27. Désormais, l’élu tente le coup au niveau fédéral avec un argument en plus: «une application sur tout le territoire suisse permettrait d’améliorer l’efficacité du système. En effet, de nombreuses personnes ne travaillent pas forcément dans leur canton de domicile», relève-t-il dans son texte.

Ton opinion

19 commentaires