Royaume-UniUne sculpture anticolonialiste exposée à Trafalgar Square, à Londres
Un Malawien portant un chapeau, ce qui était interdit à l’époque coloniale, face à un religieux, plus petit. Cette œuvre d’art trônera sur la place londonienne jusqu’en 2024.
Une sculpture montrant le pasteur baptiste John Chilembwe, à l’origine d’un soulèvement raté, en 1915, contre le régime colonial britannique au Malawi, a été dévoilée, mercredi, sur la célèbre place londonienne Trafalgar Square, où elle trônera jusqu’en 2024. Dans cette œuvre réalisée par l’artiste originaire du Malawi et basé à Oxford Samson Kambalu, John Chilembwe porte un chapeau, ce qui était interdit pour les Africains à l’époque face aux blancs, et il est représenté plus grand que nature, dominant un missionnaire.
La sculpture, réalisée à partir d’une photo prise en 1914, révèle «les récits cachés des peuples non représentés dans l’histoire de l’Empire britannique en Afrique et au-delà», détaille la mairie de Londres. L’œuvre, intitulée «Antilope», est exposée sur le quatrième socle de Trafalgar Square, qui accueille temporairement des œuvres d’art contemporaines depuis 1998. Elle succède à celle de l’artiste britannique Heather Phillipson, intitulée «The End», qui représentait une cerise géante surplombant un monticule de crème fouettée, une mouche et un drone.
«Un message d’amour et d’abnégation»
Mercredi, l’artiste Samson Kambalu a longuement posé pour les médias, souriant, avec un cigare, devant son œuvre. «Je suis heureux d’avoir pu livrer le message d’égalité et de justice de John Chilembwe. C’est un message d’amour et d’abnégation. C’est un message universel», a-t-il déclaré. John Chilembwe est «une figure de la modernité du Malawi. Il a été le premier Malawien à tenter de résoudre les problèmes d’injustices coloniales. C’était assez radical, même pour les Africains».
«En révélant comment un simple chapeau est devenu un symbole du combat pour l’égalité, la sculpture en bronze de Samson Kambalu va envoyer un important message aux Londoniens, et aux millions de personnes qui visitent Trafalgar Square, chaque année», a dit Justine Simons, maire adjointe chargée de la Culture.
Depuis le décès de la reine Elizabeth II, le 8 septembre, plusieurs voix, dont celles de députés, se sont élevées pour demander qu’une statue soit dédiée à la souveraine sur le quatrième socle de Trafalgar Square. «Cette décision revient au roi et à la famille royale», a réagi Justine Simons. «Ce qui est important, c’est de trouver la bonne place pour elle (Elizabeth II, ndlr).» Le quatrième socle de Trafalgar Square ne sera pas libre avant quatre ans, a-t-elle prévenu. Une autre œuvre a déjà été commandée, pour prendre la suite d'«Antilope».