JuraLe journal satirique La Tuile sort son dernier numéro
Le pamphlétaire Pierre-André Marchand tire la prise à 80 ans, après 604 numéros d’un journal qui lui a valu moult condamnations.
- par
- Vincent Donzé
Deux ans après avoir fêté les 50 ans de son journal satirique, le rédacteur et éditeur de «La Tuile» tire la prise: pour des raisons de santé, à 80 ans, Pierre-André Marchand a publié le 604e et dernier numéro hier. Lancé pour «défendre la veuve et l’orphelin» en pleine lutte pour l’indépendance jurassienne, «La Tuile» a multiplié des combats partisans par des écrits qui lui ont valu de multiples procès.
«La Tuile se trompe mais ne ment pas», prétendait l’éditeur qui allait parfois en prison pour s’acquitter de ses dettes judiciaires consécutives à de l’injure, de la diffamation ou de la calomnie.
Diffamation, calomnie, injure
La justice jurassienne estimait le plus souvent que Pierre-André Marchand dépassait «ce qui est socialement acceptable, même pour un journal satirique». Les qualificatifs du pamphlétaire ont été jugés «inutilement blessants».
Outrancier, le pamphlétaire a été acquitté pour la première fois il y a deux ans: un juge pénal a reconnu au mensuel son caractère satirique: «Il faut accepter dans certains articles la vivacité du ton, y compris parfois l’absence de tact», estimait alors le David Cuenat.
Par le passé, la justice a conseillé à Pierre-André Marchand une «plume plus subtile et fine», mais le pamphlétaire assumait sa vulgarité, comme «sale gros con». «La liberté d’expression n’admet pas le mensonge, mais elle tolère l’erreur», plaidait-il.
Premier numéro en 1971
Le premier numéro de «La Tuile» a été imprimé en 1971 par ses confrères du journal «Jura Libre». Pierre-André Marchand y fusillait un élu radical de Porrentruy. Il récoltait alors son premier procès sur fond de scandale immobilier.
Les procès en diffamation ont assuré sa publicité, mais lui ont coûté cher, avec pour un seul jugement, des amendes, des indemnités et des frais pour un total de 67 000 francs. Une lourde ardoise pour un journal à 2000 exemplaires. Mais pour celui qu’on surnomme PAM, «mieux vaut des gros mots que des petites pensées»…