ONUÀ Genève, les dirigeants mondiaux sommés d’agir pour les réfugiés
Depuis 2016, la population mondiale de réfugiés a doublé, atteignant 36,4 millions de personnes. De mercredi à vendredi, le Forum de l’ONU, à Genève, tentera de trouver des solutions.
Face à la crise mondiale des déplacés, chefs d’État et ministres sont attendus, du 13 au 15 décembre, au Forum mondial sur les réfugiés de l’ONU, à Genève, pour montrer qu’un «changement est possible».
La guerre entre Israël et le Hamas fera très certainement partie des discussions, «compte tenu de sa place centrale dans le débat humanitaire actuel», a assuré le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi.
«J’espère qu’il n’y aura pas d’exode régional des Palestiniens», a-t-il souhaité, lors d’un entretien au siège de l’organisation qu’il dirige à Genève. «Il est donc très important de s’attaquer à ce problème, pour éviter un exode, qui serait vraiment catastrophique.»
Guerre en Ukraine, crise en Afghanistan, changement climatique…
Mais cette deuxième édition du Forum mondial sur les réfugiés, organisé tous les quatre ans, sera surtout l’occasion de «mettre l’accent» sur les chiffres de déplacés qui ne cessent de grimper d’année en année, alimentés par les crises nouvelles et prolongées, mais aussi, de plus en plus, par le changement climatique.
Guerre en Ukraine, conflits au Soudan, crise humanitaire en Afghanistan… Les crises se multiplient et, selon le haut-commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 114 millions de personnes étaient déplacées à la fin septembre dans le monde, un nombre record.
La population mondiale de réfugiés a doublé au cours des sept dernières années, atteignant 36,4 millions de personnes à la mi-2023, un nouveau record. Cela représente une augmentation de 3% par rapport à la fin de 2022.En milieu d’année, l’Iran et la Turquie accueillaient chacune 3,4 millions de réfugiés, soit les populations les plus importantes au monde. L’Allemagne était le troisième pays d’accueil, avec 2,5 millions de réfugiés.
Lors du forum, les leaders mondiaux seront appelés à annoncer de nouveaux engagements pour partager «les charges et responsabilités» face à la crise des réfugiés, y compris un soutien financier et technique.
«Les gens vont continuer à venir»
«La mobilité humaine atteint aujourd’hui des niveaux très élevés», a relevé Filippo Grandi, qui appelle à répondre efficacement à ces flux plutôt qu’à fermer les frontières. «Dire, par exemple, que l’on va construire un mur, qu’il faut les repousser, qu’on ne peut pas les laisser débarquer, qu’on ne doit pas accueillir les réfugiés, ne résout pas le problème. Les gens vont continuer à venir.»
Le haut-commissaire a ainsi dénoncé les discours des politiciens, notamment en Europe, qui affirment qu’il n’est pas possible de gérer les flux migratoires: «Ils créent une peur. Ils suscitent une vague d’hostilité pour gagner des voix, c’est une manipulation politique.»
Ces derniers mois, le HCR a vivement critiqué le projet controversé du gouvernement britannique d’expulser vers le Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Ce projet, bloqué depuis des mois par la justice, doit être à nouveau soumis aux députés après la signature d’un nouveau traité avec le Rwanda, la semaine dernière.
«Le changement est possible»
L’édition 2023 est parrainée par cinq États – la Colombie, le Japon, la Jordanie, l’Ouganda et la France, qui sera représentée par sa Première ministre, Élisabeth Borne. Plus de 4200 participants sont attendus, dont plus de 300 réfugiés. L’événement doit être l’occasion, selon le HCR, de montrer «que le changement est possible, qu’il existe un chemin qui mène du désespoir à l’espoir, et de l’espoir à l’action».