FootballCommentaire: Sion ne doit plus (re)faire de coups à la Balotelli
Alors que la promotion tend les mains aux Valaisans, le futur mercato devra garantir au club de Tourbillon un retour en Super League serein. A condition de ne pas reproduire certaines erreurs…
- par
- Nicolas Jacquier
Didier Tholot a pu être pleinement rassuré vendredi soir: à 270 minutes d’un dénouement qui pourrait intervenir plus tôt suivant les résultats, le coach du FC Sion court de moins en moins le risque d’être condamné à devoir s’autoproclamer «roi des cons» comme il semblait tant le redouter à l’entame de l’emballage final.
En s’imposant 4-0 avec la manière contre Wil, le club valaisan – qui possède 3 points d’avance sur le FC Thoune et une différence de buts nettement à son avantage équivalant à un point supplémentaire – s’est toujours davantage rapproché de la Super League. Par la même occasion, il a brillament démontré qu’il avait surmonté sa cruelle élimination en demi-finale. «On a confirmé notre prestation en Coupe», devait ainsi se réjouir son entraîneur
Record en vue
Fêtant un 17e blanchissage pour ce qui le concerne, Fayulu n’a pas manqué d’insister sur l’intense communion avec le kop de Tourbillon. «On voulait rendre à notre public tout ce qu’il nous avait déjà apporté contre Lugano.»
S’il maintient ce même rythme, Sion, présentant de loin la meilleure défense du pays (avec seulement 22 buts reçus jusque-là), bouclera la saison avec un nouveau record défensif en Challenge League à son actif, celui du plus petit nombre de buts encaissés, une marque que détient le FC Zurich depuis l’exercice 2016-2017 (30 buts). On appréciera d’autant plus le changement radical en songeant aux… 73 buts (!) que les Valaisans avaient encaissés la saison passée, un secteur en grande souffrance qui avait précipité leur chute.
Si Sion présente déjà à bien des égards le potentiel d’une équipe de Super League, il n’en a pas encore le profil pour autant. Ce faisant, le futur champion ne pourra pas faire l’économie de se poser les vraies questions provoquées par son retour programmé dans l’élite. En partant d’un constat évident: cette équipe-là, au-delà de ses propres mérites et de ce qu’elle a pu offrir, n’est pas suffisamment «armée» pour envisager une saison 2024-2025 sereine dans l’élite. Ce qui suppose qu’il conviendra cet été de la renforcer de manière conséquente, ceci dans tous les secteurs. Sion a certes réussi des exploits ponctuels (comme en témoignent ses succès contre Grasshopper et YB) mais s’imposer sur la durée d’un championnat nécessite un contingent plus fourni. Tout l’épineux problème est donc là, qui concerne le recrutement à venir.
Pas besoin de bling-bling
Les Valaisans ne sont certes bien entendu pas encore promus, mais on peut imaginer que leurs dirigeants ont déjà planché sur différentes options en se projetant sur ce qui les attend, s’ils ne croulent pas déjà sous les offres, forcément toujours mirobolantes… Parce que le base existe déjà, il ne faudra surtout pas tout changer bien sûr, mais plutôt corriger afin de mieux ajuster le cadre. Et c’est là, dans le choix des hommes, qu’il conviendra de ne pas se tromper. En privilégiant la qualité à la quantité, en ciblant mieux les besoins.
Le mercato à venir dira si la cellule recrutement a appris de ses erreurs comme on le suppose. En Valais, on a bien plus besoin de travailleurs acharnés, durs au mal et s’inscrivant dans un projet collectif, que du bling-bling de stars déchues débarquant à Tourbillon pour y prolonger leur fin de carrière en se comportant comme des touristes en goguette.
Dans un passé récent, Sion s’est souvent trompé, dans le choix de ses étrangers notamment, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Au moment où son fidèle public s’identifie aux valeurs prônées par Tholot (engagement, état d’esprit, sens du sacrifice, etc.), le club de Tourbillon ne doit plus (re)faire de coups à la Balotelli, tant la diva italienne demeure à l’origine du monumental fiasco de l’an passé. En ce sens-là, accueillir un nouveau Mario Balotelli saperait tout ce qui a été patiemment reconstruit depuis l’arrivée de Didier Tholot sur le banc. Il existe bien assez d’éléments porteurs d’espoir, ne serait-ce déjà qu’en Suisse, pour ne pas se fourvoyer à nouveau.
Le très efficace – parce que ciblé – mercato réussi l’été dernier par Christian et Barthélémy Constantin devrait plutôt être de nature à nous rassurer. Seul l’arrivée cet hiver de l’international bulgare Georgi Rusev, annoncé comme le grand buteur manquant à Sion, s’est soldé pour l’instant par un échec. Cantonné au rôle de remplaçant, le bonhomme semble n’en faire qu’à sa tête dès qu’il met les pieds sur une pelouse – on a pu s’en apercevoir contre Wil quand on l’a vu multiplier les «efforts» personnels afin d’épater en vain la galerie.
Obtenir une vraie plus-value
Cet été, en cas de promotion qui tend aujourd’hui les bras aux Valaisans, il reste à espèrer que les dirigeants du FC Sion ne cèdent pas à la tentation. Tourbillon a davantage besoin d’une marque développée – celle de joueurs unis derrière un projet de jeu et amenant une vraie plus-value – que de noms ronflants n’apportant finalement rien, comme on a déjà suffisamment pu s’en rendre compte ces dernières années. Mais chacun connaît la formule dans son entier: chassez le naturel…
La seule présence de Didier Tholot, que l’on imagine avoir ses exigences et son mot à dire, devrait permettre d’éviter de nouveaux transferts décevants ou, quand ceux-ci semblaient prometteurs au départ, n’apportant pas ce que l’on était en droit d’espérer. Tant Sion n’aura pas le droit de se rater sur le choix de ses indispensables renforts estivaux.
En attendant, il lui reste trois matches, peut-être moins, pour valider sa promotion. Et définitivement éviter à son entraîneur de devenir le «roi des cons». Cela commence par un déplacement le 9 mai à Aarau, jeudi de l’Ascension. Sacrée coïncidence, non?