EspagneDeux fillettes suisses placées en foyer à Barcelone
La protection catalane de l’enfance et de la jeunesse (DGAIA), déjà vivement critiquée dans la région pour d’autres faits du genre – a retiré les enfants à leurs parents suisses vivant à Barcelone – une affaire qui fait du bruit.
Comme le rapporte la «NZZ am Sonntag» aujourd’hui, deux fillettes, Ellie (9 ans) et Lilie (6 ans), ont été retirées, sans avertissement préalable, de leur famille suisse vivant à Barcelone. L’autorité catalane de protection de l'enfance et de la jeunesse (DGAIA) justifie leur placement en accusant les parents de négligence et d’exploitation sexuelle, entre autres. Les parents réfutent entièrement les accusations portées contre eux et racontent le déroulement de la journée – il y a plus d’un mois – où ils ont vu leurs filles pour la dernière fois: «Le matin même, ma femme Elena était avec les filles à l'école, c'était une sorte de journée portes ouvertes», raconte le père, Thomas Lang. Le même jour, les autorités sont venues chercher ses filles à l’école.
Depuis, les parents, profondément affectés, n'ont plus revu leurs filles et savent uniquement qu’elles sont dans un foyer, mais ignorent lequel. Le père s'inquiète particulièrement pour la santé de sa fille aînée qui souffre d'une grave intolérance au gluten et doit suivre un régime strict. C’est pour la soigner que Thomas Lang, né en Suisse, et sa femme Elena, d’origine russe, sont venus vivre, en 2021, à Barcelone où ils avaient trouvé un spécialiste de cette maladie coeliaque en 2016.
Une affaire déjà médiatisée
L'affaire a fait des vagues médiatiques en Espagne, car elle semble s'ajouter à beaucoup d'autres mettant en cause la DGAIA, critiquée pour avoir retiré leurs enfants à de nombreux parents sans justification suffisante. L’autorité est ainsi soupçonnée de s’enrichir grâce à de telles mesures, puisqu’elle touche 4000 euros par mois pour chaque enfant placé sous sa tutelle. Cette somme ne serait toutefois de loin pas entièrement versée aux foyers dans lesquels les mineurs sont placés, selon les médias locaux. Fin 2019, l'administration devait ainsi 13 millions d'euros aux centres pour jeunes, selon le journal alémanique.
La Suisse n'est pas compétente
L'affaire risque de traîner en longueur car un tribunal traitera l'affaire au plus tôt en septembre. Un délai inacceptable pour les parents qui se méfient des autorités espagnoles: «Nous avons fourni tous les documents, dit Thomas Lang, mais les autorités font ce qu'elles veulent». C'est pourquoi il a recherché de l'aide en Suisse. Toutefois, le signalement contre l'autorité espagnole de mise en danger, fait par les parents auprès de l'autorité suisse de protection de l'enfant et de l'adulte – en invoquant l’état de santé d’Elie – n'a pas porté ses fruits.
L’autorité suisse a en effet classé la procédure le 20 juillet dernier, n’étant pas compétente selon la Convention internationale sur la protection des enfants. Même son de cloche au consulat suisse à Barcelone. L’affaire se déroulant sur sol espagnol, les autorités espagnoles sont seules compétentes, a expliqué Stéphanie Périllard, cheffe de la division Protection consulaire au Département fédéral des affaires étrangères. Le DFAE ne peut que se renseigner sur l'état des jeunes filles auprès de la DGAIA, mais ne peut intervenir directement.
Motif politique lié à la guerre en Ukraine?
Thomas Lang soupçonne également un motif politique derrière le retrait de ses enfants, car sa femme Elena est russe de naissance, rapporte la «NZZ am Sonntag». Et elle vit dans la villa de vacances d'un Russe sanctionné dans le cadre de la guerre en Ukraine qui l'avait mise en location sur un portail immobilier. Cela aurait déjà posé un problème à la directrice de l'école qui aurait aussi été dérangée par le fait qu'Elena Lang soit partie avec ses filles aux Caraïbes lorsque l'école a dû fermer ses portes à cause de la pandémie de Covid-19.