BienneLes squatters s’en sont allés avant la confrontation
Une occupation illégale s’est terminée dimanche dans le respect d’un ultimatum, évitant ainsi une évacuation par la police.
- par
- Vincent Donzé
Le dialogue n’a jamais été établi entre les autorités et les occupants d’un ancien entrepôt, à Bienne. Un ultimatum était fixé pour une évacuation à dimanche, 17 heures. Il a été respecté par le collectif «L’équipe»: lematin.ch a pu assister aux préparatifs de sortie à une condition: ne pas photographier les occupants, même de dos, par crainte qu’un élément comme un tatouage ne les rende identifiables.
À l’heure dite, l’étendard représentant un animal imaginaire a été détaché et enroulé dans la cour du Quai-du-Bas 30, entre la gare et le lac. Le squat durait depuis le 7 juin sur une parcelle devenue la propriété du canton en 1994, en prévision d’un projet de contournement autoroutier finalement abandonné.
Pied d’égalité
Le canton «s’est exprimé positivement sur le principe d’une potentielle utilisation temporaire du site en question», selon les autorités biennoises. Mais les autorités cantonales souhaitent traiter sur un pied d’égalité «toutes les personnes intéressées». La condition posée, c’était «que le collectif mette immédiatement fin à son occupation».
Après avoir organisé des spectacles et des concerts, «L’équipe» a quitté les lieux, mais encouragé par une pétition en ligne soutenue par un millier de signataires, ce collectif promet de mener différentes actions en ville, avec la conviction que la population a soif de culture alternative.
Travailleurs immigrés
Il est question pour le collectif de faire écho au passé d’un lieu qui a servi à héberger des travailleurs immigrés. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les hangars ont vu défiler des milliers d’ouvriers saisonniers italiens, espagnols, yougoslaves, grecs et turcs. Une présence sortie de la mémoire collective jusqu’à la présentation au «Nouveau Musée Bienne» de l’exposition «Nous, saisonniers, saisonnières…».
Les détenteurs d’un permis de séjour «A» logés dès 1931 sur l’aire Bührer ont travaillé dans la construction, l’agriculture, l’hôtellerie et la restauration. «Ces personnes ont rencontré en Suisse de dures conditions de travail et de vie: elles étaient séparées de leur famille, vivaient dans des baraquements et dépendaient d’un employeur», a-t-on appris au «NMB», comme auparavant dans un documentaire réalisé en 1974 par le cinéaste biennois Alvaro Bizzarri, «Il rovescio della medaglia».
Le «Nouveau Musée Bienne» consacre actuellement l’exposition temporaire «De la viande pour Bienne» aux abattoirs, un autre lieu revendiqué par un groupe d’intérêt culturel. Là aussi, une démolition était envisagée en prévision du contournement autoroutier. Mais après l’abandon de ce projet, le Service bernois des monuments historiques a inclus les abattoirs dans son nouveau répertoire.