Grands prédateursUne commission veut elle aussi pouvoir mieux réguler le loup
À l’unanimité, une commission du National veut réviser la loi sur la chasse afin que les gardes-chasse puissent tirer préventivement le prédateur s’il menace les troupeaux. Les partisans du loup estiment qu’un compromis est possible.
Le loup fait face à un tir groupé de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du National. Celle-ci a approuvé à l’unanimité mardi l’initiative parlementaire de son homologue du Conseil des États visant à modifier la loi sur la chasse pour mieux réguler le prédateur en Suisse. Celle-ci avait déposé en octobre dernier un texte pour permettre le tir préventif des populations de loups par les gardes-chasse, comme cela se pratique déjà pour les bouquetins (eux aussi protégés).
«Là où la forte concentration de loups menace l’agriculture, la régulation des populations de loups doit être complémentaire aux mesures raisonnablement exigibles prises pour protéger les troupeaux», demandait l’initiative. Elle proposait du coup d’autoriser l’élimination de meutes ou de parties de meutes. «Il doit être permis d’abattre les loups qui s’approchent de façon menaçante des zones habitées et des êtres humains ou pour lesquels les mesures de protection des troupeaux sont inefficaces».
Non aux cantons
En outre, pour mettre encore davantage l’accent sur cet objectif, la commission du National a décidé mardi, par 13 voix contre 8 et 3 abstentions, de soutenir une autre initiative parlementaire du conseiller national Nicolo Paganini (Centre/SG). Celui-ci demandait que la loi sur la chasse soit adaptée de sorte qu’il soit possible de réagir à la croissance rapide des effectifs du loup «afin que sa présence n’entre pas en conflit avec l’économie alpestre, le milieu bâti et l’utilisation touristique».
En revanche, la commission du National a décidé par 17 voix contre 2, de ne pas donner suite à l’initiative de l’UDC vaudois Jean-Pierre Grin «Gestion du loup par les cantons», qui vise à attribuer aux cantons la compétence de réguler les meutes de loups par des décisions de tirs.
Le SAB - Groupement suisse pour les régions de montagne – a salué mardi dans un communiqué la décision de la commission du National d'entreprendre rapidement une révision de la loi sur la chasse. «En raison de la forte augmentation du nombre de loups, la pression ne cesse de croître. Elle a ainsi dépassé depuis longtemps le niveau pouvant être supporté par l'agriculture de montagne, ainsi que par l’économie alpestre», écrit-il. «Seule une révision de la loi sur la chasse permettra de mettre en place une nouvelle approche à l'égard du loup».
Un compromis possible selon les milieux favorables au loup
Pour les organisations de protection de la nature, un compromis sur la loi sur la chasse est possible, ont-elles réagi mardi dans un communiqué. Elles interprètent la décision de la commission en ce sens «qu'il est désormais possible de procéder à une révision de la Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages qui intègre les différentes préoccupations, qui est susceptible de recueillir une majorité et qui devrait avoir une chance d'être adoptée rapidement».
Pour David Gerke, président Groupe Loup Suisse, «La régulation du loup peut être conçue de façon plus flexible, en tenant compte de l’élevage d’animaux de rente et du rajeunissement naturel des forêts. La répartition actuelle des compétences entre la Confédération et les cantons, et l’obligation de protéger les troupeaux avant d’envisager des tirs sont bien sûr maintenues.»
Le loup a fait beaucoup parler de lui l’été et l’automne dernier en Suisse romande notamment. En août, le canton de Vaud avait sollicité puis obtenu de la Confédération l’autorisation de tirer deux jeunes individus de la meute du Marchairuz à la suite de plusieurs attaques avérées sur des veaux. Le Valais a lui décompté que 22 loups recensés sur son territoire avaient tué 336 animaux de rente en 2021.