NatationJérémy Desplanches voulait trimer, il est servi
Au Challenge international de Genève, le médaillé olympique n’a pas flambé. Avec Philippe Lucas, son nouveau coach, ce n’était pas l’objectif.
- par
- Pascal Bornand
«C’est une obligation qui me fait plaisir. Chaque année, je me dois d’être là, c’est mon club qui organise», assure Jérémy Desplanches. Le médaillé de bronze des JO de Tokyo sur 200 m quatre nages est l’une des vedettes du 55e Challenge international de Genève. Les Vernets, c’est un peu son berceau aquatique, là où il a lancé sa carrière. «Y revenir, c’est chouette, confirme-t-il. Seulement, à cette période de la saison, je suis toujours fatigué, je bosse le foncier. Et cette année, c’est encore plus crevant, je suis carrément vanné. À la veille de venir, Philippe Lucas avait programmé une grosse séance d’entraînement. Impossible d’y couper, j’ai fait mes 14 kilomètres!»
Oui, il le savait, il s’est jeté dans la gueule du loup. Du fou, corrigent certains! «Je ne le diabolise pas, ce n’est pas un tortionnaire», précise-t-il. Voilà plus de trois mois que Jérémy Desplanches travaille sous les ordres de l’ancien coach à succès et à poigne de Laure Manaudou, réputé pour sa rigueur et sa rudesse proverbiale. «J’en bave mais je le voulais bien, j’avais besoin de me remettre en question. C’est pour ça que j’ai quitté Nice et une certaine zone de confort. Mais franchement, je n’imaginais pas que cela allait être aussi dur. En fait, c’est trois fois pire...»
Le Genevois, aujourd’hui passé de la Promenade des Anglais au bagne de Martigues, vient de disputer la finale du 200 m libre et il fait la moue. «Mon chrono (1’53’’09) n’est vraiment pas bon. Franchement, j’espérais tout de même aller un peu plus vite. Philippe, lui, ne s’attendait pas à mieux. Il avait raison!»
Une confiance en construction
L’ancien champion d’Europe apprend à vivre aux côtés du coach français, à s’adapter à ses méthodes, à ses exigences. «Avant la compétition, je pensais qu’il allait me donner un peu de mou pour que je puisse la préparer avec une certaine fraîcheur. Mais non, pour lui, en hiver, c’est le travail de fond et d’endurance qui prime. Le spécifique, la vitesse, ça viendra plus tard. D’ailleurs, vivement que ça arrive!»
Supporte-t-il toujours ce régime de galérien? Il grimace. «Entre nous, c’est un rapport de confiance qui s’instaure. Il faut de la compréhension mutuelle, ça va prendre du temps, six mois, peut-être un an», répond-il. Encore une fois, Jérémy Desplanches ne se plaint pas. Il assume son choix, justifie le pari qu’il a pris. «Il n’y a pas 36 autres chemins pour progresser encore, pour préparer au mieux les JO de Paris», dit-il. Il cerne mieux ce personnage popularisé par les Guignols de Canal +, il loue son charisme et caractère bien trempé. «C’est un entraîneur intéressé et vrai, qui s’exprime et agit sans détour. Qui dit que c’est de la merde quand c’est de la merde.»
La figure de proue du Genève Natation a encore disputé la finale du 100 m papillon (3e en 28’’94) avant de prendre ses cliques et ses claques. Pas question de s’éterniser à Genève. Philippe Lucas l’attend, lui et sa compagne Charlotte Bonnet, lundi au petit matin au bord du bassin de Martigues, frais comme un gardon. Enfin, à l’heure surtout. Aux Vernets, c’est Roman Mityukov, vainqueur du 200 m libre en 1’49’’43 et 2e du 100 m dos en 55’’56 derrière la torpille italienne Thomas Ceccon (53’’06), qui fera parler de lui ce dimanche en poursuivant son marathon aquatique