Relégués, les Verts vivent un enfer à Saint-Étienne

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FootballRelégués, les Verts vivent un enfer à Saint-Étienne

Dure est la chute pour le club mythique français. Christophe Ohrel, qui a porté ce célèbre maillot, n’est pas surpris.

Christian Maillard
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Christian Maillard
Christophe Ohrel a eu l’honneur de porter le maillot des Vers lors de la saison 1995-1996.

Christophe Ohrel a eu l’honneur de porter le maillot des Vers lors de la saison 1995-1996.

Eric Lafargue

Pour tous ceux qui ont porté ce maillot mythique des Verts, celui de l’AS Saint-Étienne, le coup est terrible. Décuples champions de France, les pensionnaires de Geoffroy-Guichard, relégués cet été, connaissent depuis l’enfer en Ligue 2, plongés à la dernière place. Battu pour la huitième fois de la saison lundi à Annecy, l’ex-club de Michel Platini ne parvient pas à relever la tête. «C’est le feu au Lac», a titré L’Équipe. Plus dure est la chute en effet pour le finaliste malheureux en 1976 de l’ancienne Coupe des champions, désormais à sept points de Dijon, premier non relégable.

«J’ai le sentiment que depuis l’affaire des caisses noires en 1982, le club ne s’en est jamais relevé»

Christophe Ohrel, ex-joueur de Saint-Étienne

Ex-international suisse, Christophe Ohrel a eu l’honneur, après le Lausanne-Sport, Servette et Rennes, de jouer 39 fois pour l’ASSE lors de la saison 1995-96 avant de connaître cette année-là également, avec des éléments prometteurs comme Grégory Coupet et Willy Sagnol, les affres de la relégation. «Pour moi, soupire l’ancien milieu de terrain de Dominique Bathenay (ndlr: le coach stéphanois de l’époque), ce n’est pas une surprise. Depuis mon passage là-bas, il y a toujours eu des combats internes et politiques pour la direction qui ont coulé le club. À part quelques petits moments d’euphorie, sur ces trente dernières années, il y a toujours eu des hauts et des bas. J’ai le sentiment que depuis l’affaire des caisses noires en 1982, le club ne s’en est jamais relevé. Cela me fait mal de voir qu’un club aussi mythique, qui a écrit l’histoire du championnat de France, tout en sortant de nombreux talents, se retrouve aussi bas. À vrai dire, c’est le néant et ça pour les gens là-bas, ça doit être incompréhensible.»

Pour les fans des Verts, qui s’en sont pris physiquement aux joueurs lors de la relégation ce printemps, c’est surtout une situation intolérable. Pour eux, «Sainté», c’est avant tout leur religion. «Quand j’y étais encore, nous avons vécu ce genre de scènes même si ce n’était pas aussi extrême, se souvient Christophe Ohrel. Notre terrain avait été suspendu plusieurs fois, notamment après nos derbies avec Lyon. Je me rappelle aussi que notre bus avait été caillassé à Gueugnon. Il faut bien comprendre que là-bas, dans cette région sinistrée où il n’y a pas grand-chose si ce n’est du chômage, les gens, qui viennent de toute la France, avaient besoin de rêver avec nous et ce n’était pas le cas. Toutes proportions gardées, c’était comme l’Argentine au Qatar, la victoire en Coupe du monde a fait du bien à tout un peuple.»

«Il faut bien comprendre que là-bas, dans cette région sinistrée où il n’y a pas grand-chose si ce n’est du chômage, les gens ont besoin de rêver»

Christophe Ohrel, ex-international suisse

Pour lui comme pour Alain Geiger (qui a évolué deux ans entre 1988 et 1990) et beaucoup d’autres amoureux du foot en France et en Suisse, les Verts ont surtout marqué une génération. «Lorsque j’étais gamin, c’est un club qui m’a forcément marqué, poursuit ce Franco-Suisse qui a été junior à Saint-Gall avant de rejoindre Lausanne en 1987. J’ai toujours été un fan des Verts. Je me souviens d’ailleurs que mes parents m’autorisaient à voir leurs matches de Coupe d’Europe à la télé. Quand je pense à cette époque, je me dis que c’est bien dommage d’en être arrivé là, que Saint-Étienne et même Bordeaux n’ont pas été capables de s’adapter économiquement à cette situation.»

Des similitudes avec le LS

Christophe Ohrel avait remporté deux fois la Coupe de Suisse avec le LS.

Christophe Ohrel avait remporté deux fois la Coupe de Suisse avec le LS.

Eric Lafargue

Pour celui qui a remporté la Coupe de Suisse en 1998 et 1999 avec le Lausanne-Sport, le drame que vit l’AS Saint-Étienne lui fait penser au club de la Tuilière, même si ce dernier ne souffre pas de sa trésorerie. «C’est aussi un club qui m’est cher, qui a une histoire et qui végète en deuxième division après avoir vécu des hauts et des bas, soupire le citoyen d’Écublens. En revanche, si le LS n’a pas de problème financier, tout peut changer rapidement ce que je n’espère pas, bien sûr.»

Contrairement aux Verts, les Bleus sont même bien partis pour remonter. Le contraire serait un coup terrible…

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