Coupe du monde au QatarLa FIFA épinglée en Suisse pour greenwashing
Des plaintes d’associations de cinq pays, dont la Suisse, avaient été déposées contre la FIFA visant ses promesses de neutralité carbone. Elles ont obtenu gain de cause.
- par
- Christine Talos
La FIFA a été reconnue coupable de greenwashing lors de la dernière Coupe du monde de football au Qatar. La Commission suisse pour la loyauté (CSL) vient de donner raison à des associations environnementales de cinq pays d’Europe, dont la Suisse, qui avaient porté plainte contre les promesses de neutralité carbone de la Fédération internationale de football.
En novembre 2022, des plaintes avaient été déposées contre la FIFA pour «concurrence déloyale». Les associations s’étonnaient qu’elle vante «une Coupe du monde neutre en carbone». Les six associations estimaient que les allégations des organisateurs étaient largement sous-estimées.
Elles rappelaient que dans le calcul de ses émissions de CO2, la FIFA n’avait pas tenu compte des «shuttle flights», les 500 vols quotidiens qui permettaient aux supporters de relier Dubai, Riyadh ou le Koweit avec le Qatar. La FIFA n’a aussi que très peu pris en compte les émissions de CO2 générées par la construction des sept stades, notent-elles dans un communiqué.
«Impression erronée et fallacieuse»
La Commission suisse pour la loyauté a approuvé les plaintes le 6 juin dernier. Elle a estimé que «la FIFA a parfois travaillé en recourant à des messages formulés en termes absolus, et a ainsi suscité l’impression erronée et fallacieuse selon laquelle la Coupe du monde au Qatar aurait déjà atteint la neutralité climatique ou la neutralité carbone, avant et pendant le tournoi».
La CSL a estimé que la FIFA n’a pas apporté la preuve «de manière crédible de quelle manière toutes les émissions de CO2 générées par le tournoi pouvaient être compensées conformément aux standards suisses». Elle lui recommande dès lors de «renoncer à l’avenir aux allégations contestées».
La décision peut encore faire l’objet d’un recours pour arbitraire de la part de la FIFA. À noter que la CSL n’a pas de pouvoir contraignant et ne peut que formuler des recommandations.
Une décision réjouissante pour les associations
«C’est un message fort pour toutes les entreprises qui voudraient se prêter au greenwashing» se réjouit Quentin Cuendet, membre d’Avocat.e.s pour le Climat. «Même si le mal est déjà fait pour l’environnement, cette décision donne un signal important pour l’avenir. Les entreprises et les organisations comme la FIFA ne peuvent plus éviter de se pencher sur leur empreinte climatique réelle», a ajouté Christian Luthi, de l’Alliance Climatique Suisse. «Il faut maintenant passer aux actes pour réduire rapidement les émissions de CO₂».