ProcèsTariq Ramadan jugé en appel pour viol à Genève
L’islamologue Tariq Ramadan avait été acquitté le 24 mai 2023 de l’accusation de viol et contrainte sexuelle par le Tribunal correctionnel de Genève.
L’islamologue suisse Tariq Ramadan est attendu lundi à Genève pour son jugement en appel, un an après avoir été acquitté de l’accusation de viol et contrainte sexuelle à l’issue d’un procès dans une ambiance très tendue. Le procès devant la Chambre pénale d’appel et de révision du canton de Genève doit durer trois jours mais le jugement n’est pas attendu dans l’immédiat.
«Notre cliente est confiante et déterminée, même si chaque audience est une épreuve, qui fait remonter la nuit d’horreur qu’elle a vécue le 28 octobre 2008», ont déclaré à l’AFP les avocats de la plaignante, Me Robert Assaël et Me Véronique Fontana.
«Elle attend d’être reconnue comme victime et que le prévenu soit déclaré coupable de viol. Il n’y a aucune place au doute dans ce dossier», ont-ils ajouté. La défense n’a souhaité faire aucun commentaire avant l’audience. Ce procès très attendu intervient à un mois d’une autre décision en appel devant la justice française.
Le 27 juin, la cour d’appel de Paris doit se prononcer sur son appel contre son renvoi devant la cour criminelle départementale pour le viol de quatre femmes entre 2009 et 2016, le procureur général ayant requis l’abandon des poursuites pour trois d’entre elles et écarté toute notion d’emprise.
«Le doute profite à l’accusé»
Tariq Ramadan, 61 ans, avait été acquitté le 24 mai 2023 de l’accusation de viol et contrainte sexuelle par le Tribunal correctionnel de Genève qui a jugé qu’il n’y avait pas de preuve contre lui dans cette affaire remontant à 2008. Le procureur genevois avait requis trois ans de prison dont la moitié ferme.
«Le doute devant profiter à l’accusé, Tariq Ramadan devra donc être acquitté», avait conclu le président du tribunal, faisant valoir l’absence de preuves, les témoignages contradictoires, y compris des psychiatres, et les «messages d’amour» envoyés par la plaignante après les faits.
Le tribunal avait décidé de l’indemniser pour ses frais d’avocats, à hauteur de 151’000 francs, mais avait rejeté sa demande d’indemnité pour tort moral. Tant le Ministère public genevois (parquet) que la partie plaignante ont fait appel, à l’issue d’un procès qui s’était déroulé dans une atmosphère électrique, avec des cris et des pleurs.
La plaignante, qui se fait appeler «Brigitte» pour se protéger des menaces, l’accuse de l’avoir soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008. Elle avait porté plainte dix ans après les faits.
Pas de preuve
Pendant le procès, les deux protagonistes ont affirmé avoir passé la nuit ensemble dans cette chambre d’hôtel, qu’elle a quitté tôt le matin pour rentrer à son domicile. Mais Tariq Ramadan a nié tout acte sexuel, expliquant s’être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l’échange.
Dans ses conclusions, le tribunal a retenu que le récit de la plaignante était «globalement constant et détaillé» mais a estimé qu’il n’était toutefois corroboré «par aucun élément matériel, tel que des traces de sperme ou de sang, des images de vidéosurveillance de l’hôtel ou des constats de lésions traumatiques ou de violences gynécologiques».
«Il ne fait aucun doute que la plaignante a mal vécu la soirée», avait relevé le président du tribunal, mais «l’existence de ce stress (…) ne permet pas de confirmer la matérialité des faits dénoncés».
Docteur de l’université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan a été professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni. Les accusations de viols à son encontre en France ont déclenché en 2017 la chute de cette figure charismatique et contestée de l’islam européen.