Wimbledon 2023Alcaraz surclasse Rune et rejoint Medvedev en demies
Le No 1 mondial n’a eu besoin que de trois sets pour se qualifier pour le dernier carré du Grand Chelem londonien. Le Russe a, lui, renversé Eubanks.
- par
- Mathieu Aeschmann/AFP Londres
Carlos Alcaraz a fait le nécessaire pour se débarrasser de son “ancien partenaire de double” Holger Rune, mercredi sur le Centre Court de Wimbledon. À Church Road, la bonne société se frottait les mains de ce duel entre les deux «Wonderkid» du circuit: 20 ans, corps d’acier et frappes laser. Une attente sans doute un peu surjouée. Car le No 1 mondial est finalement sorti vainqueur d’un match décousu et dont le niveau fut souvent quelconque 7-6, 6-4, 6-4.
Pourquoi cette empoignade que tout le monde annonçait comme le premier chapitre d’un futur grand classique a-t-elle accouché d’une souris? La première hypothèse renvoie à la surface et au fait que les deux jeunes hommes n’y possèdent encore que très peu de repères. La seconde hypothèse est plus psychologique. Ces deux-là se sont-ils trop respectés (craints) pour vraiment lâcher les chevaux? Depuis les tribunes, les débats ont souvent ressemblé à un match d’entraînement, sans ligne directrice ni deuxième vitesse.
Supplément d’expérience
Dans ce contexte crispant, c’est Carlos Alcaraz qui a mieux géré les quelques moments clé. Ainsi lorsque Rune lui offrit l’ascendant dans le tie-break initial d’une vilaine double faute (3-3), l’Espagnol le transformait d’un retour gagnant de revers magistral (7-6). Même coup, mêmes effets, trente-cinq minutes plus tard quand le No 1 mondial se jetait dans la deuxième balle du Danois pour le break au meilleur moment (6-4).
«Alcaraz a gagné un tournoi du Grand Chelem, il a déjà disputé des dizaines de matches à haute intensité, insistera un peu plus tard Tim Henman au micro de la BBC. Ce supplément d’expérience s’est vu dans les moments chauds. Il a fait la différence aujourd’hui.» Des deux compères qui, il y a six ans, partageaient le court aux Petits As, Carlos Alcaraz a en effet pris un peu d’avance. L’Espagnol crée plus de jeu, il semble porté par une énergie positive qui ne se tarit jamais. C’est donc lui qui défiera Daniil Medvedev, vendredi, en demi-finale du plus prestigieux tournoi du monde.
«Je vais essayer de profiter à fond, a-t-il promis. Parce qu’il ne faut pas croire qu’on peut jouer des demi-finales à Wimbledon chaque année. C’est un privilège. Je veux l’apprécier.» On peut lui faire confiance
Un superbe spectacle
Mené deux sets à un par l’Américain Christopher Eubanks, intenable pendant quatre manches, Medvedev a fini par renverser la vapeur et l’emporter 6-4 1-6 4-6 7-6 (7/4),6-1 pour se qualifier pour sa première demi-finale à Londres.
Au terme d’un combat de tout juste trois heures, Eubanks, 27 ans, 43e mondial, mais qui n’avait jamais franchi un tour en Grand Chelem dans sa carrière, a fait un signe en forme de cœur avec ses mains à destination du public en sortant sous une ovation méritée. Devenu son chouchou grâce à son jeu flamboyant, le longiligne américain (2,01 m pour 81 kg) a frôlé un deuxième exploit consécutif après avoir sorti Stefanos Tsitsipas (5e) en cinq sets tout aussi échevelés.
Les deux joueurs ont offert un spectacle incroyable aux spectateurs avec un vrai match de tennis sur gazon où la prise de risque était assumée des deux côtés et la réussite au rendez-vous avec 45 aces plus 81 coups gagnants. Il suffit de jeter un oeil aux statistiques de Medvedev pour se rendre compte du niveau nécessaire pour éliminer l’Américain.
Lors du premier set, le Russe n’a ainsi commis qu’une seule faute non-provoquée, contre onze pour son adversaire et même sur le match, son total de 13 fautes directes reste remarquablement faible.
Eubanks, de son côté, avec 11 fautes directes sur la seule première manche et seulement 46% des points remportés (6/13) quand il montait au filet, a été bien loin de ses standards. Mais les choses se sont progressivement mises en place lors de la deuxième et troisième manche, avec, respectivement, 67% (10/15) et 73% (11/15) de réussite à la volée, et un ratio coups gagnants fautes directes largement positif, lui permettant de virer en tête.
«Après le premier set, j’aurais voulu éviter un cinquième set mais à la fin du troisième, j’espérais bien qu’on le jouerait», a plaisanté le Russe après le match. «Il y a un moment du match où j’ai un peu perdu mon jeu, et il jouait si bien, mais à partir du quatrième set, j’ai réussi à remonter progressivement et ça m’a redonné de la force», a-t-il ajouté.
Eubanks craque physiquement
La quatrième manche a été le tournant, Medvedev remportant cinq jeux blancs sur ses six mises en jeu et «claquant» dix aces. Eubanks, qui avait jusque-là remporté les cinq tie-breaks disputés, commençait à peiner physiquement alors que Medvedev avait bénéficié de l’abandon de Jiri Lehecka (37e) après deux sets.
Battu 7-4 dans le jeu décisif, Eubanks a perdu son service sur un jeu blanc à l’entame du set décisif, puis une deuxième fois pour se retrouver mené 4-0. Quand il est revenu à 4-1, évitant un 6-0 qui aurait été cruel et immérité, il a levé une dernière fois le poing au ciel avec un sourire.