FootballQuel latéral droit contre le Kosovo?
Après l’expulsion d’Edimilson Fernandes contre Israël mercredi, l’équipe de Suisse n’a aucun spécialiste du poste à disposition. Murat Yakin devra faire preuve d’inspiration samedi (20h45).
- par
- Valentin Schnorhk - Bâle
Quelle surprise. Un carton rouge (inutile) et l’équipe de Suisse semble démunie au poste de latéral droit. Un rôle où, dans la liste des joueurs convoqués par Murat Yakin pour ces trois matches de novembre, seul Edimilson Fernandes, assigné à ce poste en sélection depuis un an, pouvait véritablement prétendre jouer. Alors, à la veille d’affronter le Kosovo samedi (20 h 45) à Bâle, quelle solution va utiliser Yakin dans une rencontre qui doit enfin sceller la qualification de la Suisse à l’Euro 2024?
«Il faut voir, il faut analyser, disait-il mercredi, après le match nul 1-1 contre Israël. Il manque sans doute quelqu’un à droite.» L’idée Jordan Lotomba a germé, lui qui est revenu de blessure en fin de semaine dernière avec Nice. Mais à midi vendredi, Yakin n’avait rappelé personne. Ni Lotomba, ni Kevin Mbabu, ni Lewin Blum. Histoire, peut-être, d’aller au bout de ses idées, quitte à se draper dans son incohérence.
Vraisemblablement, la Suisse fera avec ce qu’elle a à disposition. Le sélectionneur a toujours prôné la flexibilité des uns et des autres, juré qu’un changement n’est qu’un petit ajustement. Là, il a face à lui deux possibilités: soit il place au poste de latéral droit un joueur qui n’a pas l’habitude d’y jouer, soit il opte pour un système à trois défenseurs. On explore ces deux options.
Qui peut jouer latéral droit?
Admettons que la Suisse conserve son système en 4-3-3 samedi. Qui pourrait être le latéral droit? En Hongrie mercredi, pour les deux dernières minutes suivant l’expulsion de Fernandes, Yakin a fait entrer Eray Cömert. Le défenseur de Nantes est un axial. Il n’a jamais vraiment joué à droite. Dans un match où il faudra agir, difficile de l’imaginer là.
En club, Manuel Akanji a lui déjà occupé ce poste. Dans une animation différente, où Pep Guardiola misait sur quatre défenseurs centraux pour contrôler sa possession plus qu’autre chose. Ce n’est pas forcément le projet de Yakin, même si on pourrait être surpris. Reste que cela suggérerait d’enlever de l’axe le patron de la défense. Peut-être que cela peut mieux fonctionner avec Nico Elvedi. Encore que.
Il y a sinon les solutions farfelues. Il faut bien rappeler qu’en juin 2022, après avoir laissé en tribunes Lotomba et Mbabu contre le Portugal à Genève, la Suisse s’en était retrouvé à aligner Renato Steffen à ce poste-là, Silvan Widmer devant sortir sur blessure. On ne peut pas croire que le projet soit reconduit.
En revanche, d’autres profils peuvent éventuellement mieux coller, tout en prenant des pincettes. Le versatile Michel Aebischer, titulaire indiscutable à Bologne (dont il a porté le brassard de capitaine en Serie A le week-end dernier) peut s’adapter à ce rôle. Autres options, plus offensives: Dan Ndoye, Ruben Vargas ou encore le néophyte Filip Ugrinic. Oui, il faut aller chercher loin pour trouver des possibilités.
Un système à trois défenseurs?
En 2023, il n’y a eu qu’une seule occasion où ni Silvan Widmer, ni Edimilson Fernandes, ni Jordan Lotomba n’ont été alignés au coup d’envoi. Contre Andorre, mi-septembre à Sion. Soit l’unique fois où Murat Yakin a opté pour un système différent, depuis la Coupe du monde. Ce soir-là, il avait choisi un 3-4-3.
Cela lui avait permis d’aligner un trio Rodriguez-Akanji-Elvedi dans l’axe. Et sur les couloirs, il avait titularisé Renato Steffen à gauche et Ruben Vargas à droite. Cela peut être une source d’inspiration. Sachant qu’il a à disposition sept éléments qui évoluent au poste de défenseur central dans une défense à trois ou à quatre en club: Akanji, Benito, Cömert, Elvedi, Rodriguez, Schär et Zesiger.
Le cas échéant, il aurait aussi plusieurs options pour animer les couloirs: Vargas et Steffen donc, mais les Romands Ulisses Garcia ou Dan Ndoye ont déjà occupé ces postes et peuvent y être pertinents. A Lucerne, époque Fabio Celestini, Ugrinic a aussi été utilisé dans ce rôle. Cela ouvre des possibilités. Mais sans enlever l’impression de bricolage.
Une solution hybride?
Et si la solution était un entre-deux? Même s’il paraît un peu tard pour tenter une nouvelle animation, sait-on jamais. Dans un football moderne où on n’attaque pas forcément de la même manière que l’on défend, on peut imaginer une ligne de quatre en phase défensive qui se transforme en ligne de trois avec le ballon.
À l’instar par exemple de ce que fait l’équipe de France, avec Theo Hernandez qui se projette côté gauche, pendant que le latéral droit (souvent Jules Koundé) se recentre. Dans ce cas-là, Murat Yakin pourrait choisir de donner le couloir gauche à Rodriguez ou Garcia, pendant qu’un défenseur central de formation (Akanji? Elvedi? Schär? Cömert? pourrait occuper le côté gauche.
Tout aurait quand même été plus simple avec un vrai latéral droit dans le groupe.