Ski alpinCorinne Suter: «Je ne suis plus ma propre adversaire»
Championne olympique de descente des Jeux de Pékin, la Schwytzoise de 27 ans a gagné cinq médailles lors des trois grands événements de ski disputés depuis Are 2019. Le déclic s’est produit lors de ces Mondiaux en Suède.
- par
- Sylvain Bolt Yanqing
On avait quitté Corinne Suter dépitée en bord de piste vendredi passé, jour de gloire de Lara Gut-Behrami. Un super-G raté (13e) et des larmes de désespoir, consolée par son amie Jasmine Flury. Mais Corinne Suter, championne du monde de descente en titre, s’est remobilisée pour s’imposer lors de l’épreuve reine olympique à Pékin.
«Je n’arrive pas trop à réaliser et ce jour est tellement fabuleux, a lâché la Schwytzoise, après son sacre. C’était bizarre, j’avais l’impression que l’avant de mon ski se soulevait en raison du vent de face mais je ne vais pas me plaindre.»
Le super-G, qui se déroule sans entraînement préalable, n’était pas l’épreuve idéale pour lancer ses premiers Jeux olympiques. «Je suis une skieuse qui fonctionne beaucoup sur mon ressenti, a-t-elle expliqué. Donc c’était bénéfique de pouvoir skier sur la piste deux ou trois fois après le super-G. J’ai pu peaufiner mes réglages.»
La skieuse de 27 ans a notamment préparé sa descente olympique en analysant celle des hommes, qui avait sacré Beat Feuz en début de quinzaine. «J’ai bien regardé ses passages-clés, on a aussi un peu échangé, a-t-elle raconté. Mais au final j’avais envie de m’écouter et de suivre ma propre intuition.»
Le tournant de sa carrière s’est produit en 2019. Alors qu’elle n’était jamais montée sur un podium de Coupe du monde, la Schwytzoise avait décroché deux médailles (argent en descente et bronze en super-G) aux Mondiaux d’Are. «Depuis cet événement, je crois enfin en moi, alors que j’étais ma propre adversaire avant et je me sous estimais, a souligné la Suissesse. A Are, j’ai fait un grand pas en avant.»
Comme Lindsey Vonn
La saison après son double exploit mondial, Corinne Suter avait soulevé les deux globes de cristal de vitesse, avant d’être sacrée championne du monde de descente à Cortina d’Ampezzo, en février 2021. Dans les Dolomites, la Suissesse avait également décroché l’argent en super-G, derrière sa compatriote Lara Gut-Behrami.
Mais le début de cette saison olympique avait très mal débuté pour Corinne Suter, qui avait été victime d’une lourde chute à l’entraînement sur le glacier de Saas-Fee qui lui a fait douter pour sa saison. «C’était vraiment dur, a rappelé émue la Suissesse. Mon corps allait bien et était en bonne santé, mais pas la tête!»
Lors des trois grands événements depuis 2019, la Suissesse a amassé cinq médailles, dont deux titres. «Je cherche pourtant toujours à skier comme d’habitude même si j’étais un peu plus nerveuse que la normale ce matin, a-t-elle révélé. La championne de 27 ans est la seule femme, avec Lindsey Vonn, à avoir réussi à gagner le titre mondial et olympique en un an lors des quarante dernières années. «Lindsey (Vonn), c’est une source d’inspiration, car j’aime sa façon de skier, a expliqué la Schywtzoise. J’aime comme elle bouge son corps, l’agressivité qu’elle met dans ses virages.»