Credit SuisseLa chute historique de l’action provoque une nouvelle tempête boursière
Alors que la banque helvétique est dans la tourmente, son principal actionnaire a expliqué mercredi qu’il n’augmenterait pas sa participation. L’action Credit Suisse a perdu plus de 24% à la clôture mercredi.
Les soucis s’accumulent pour Credit Suisse. L’action du numéro 2 bancaire helvétique a enregistré la pire chute de son histoire mercredi malgré une tentative timide de son patron de rassurer les investisseurs, rendus très nerveux face à tout signe de faiblesse dans le secteur. L’établissement a vu le cours de son action perdre jusqu’à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 franc malgré l’intervention de son président, Axel Lehmann, pour rassurer. A la clôture, elle affichait -24,24% et une capitalisation boursière d’un peu moins de 6,7 milliards de francs.
Lors d’une conférence pour le secteur bancaire en Arabie saoudite, Axel Lehmann a assuré que la banque n’avait pas besoin d’aide gouvernementale. Ça n’est «pas un sujet», a-t-il déclaré, soulignant que Credit Suisse s’appuyait sur de «solides ratios financiers», sans toutefois parvenir à rassurer les marchés.
Un «geste de soutien demandé» à la BNS et la Finma
Les autorités financières et le gouvernement sont restés muets tout au long de la journée. Mais selon le Financial Times, qui cite trois sources anonymes, Credit Suisse a demandé, en vain pour le moment, «un geste de soutien» à la Banque nationale suisse et l’autorité des marchés, la Finma.
Cette chute vertigineuse du titre a commencé après des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, première actionnaire de Credit Suisse. Les Saoudiens ont volé au secours de la banque en entrant à son capital en novembre. Mais la Saudi National Bank ne compte «absolument pas» injecter davantage d’argent pour «plusieurs raisons», a expliqué Ammar al-Khudairy, son président.
La plus simple tient à des questions «règlementaires», a-t-il précisé. La banque nationale saoudienne détient une participation de 9,8%. Mais au regard du droit suisse, la Finma devrait se prononcer si elle franchissait le seuil des 10%. Dans un entretien avec l’agence Reuters, M. al-Khudairy s’est pourtant dit «très content» du programme de restructuration de Credit Suisse, évoquant une banque «très solide».
Trop grosses pour faire faillite
«La pression sur Credit Suisse a touché un marché déjà nerveux», a réagi Jane Foley, une analyste de Rabobank, auprès de l’AFP. Les déclarations du nouvel actionnaire ont touché une corde sensible alors que les investisseurs s’inquiètent du risque de contagion après la faillite de la banque américaine SVB. «Il semble qu’il y ait des investisseurs de plus en plus inquiets», a souligné Neil Wilson, analyste à Finalto dans un commentaire de marché.
Mais si Credit Suisse venait à se trouver face à des «problèmes existentiels», alors «nous serions face à quelque chose d’une tout autre dimension. Elle est vraiment trop importante pour qu’on la laisse couler», a-t-il insisté. A la différence de SVB, Credit Suisse fait partie des 30 banques au niveau mondial considérées comme trop grosses pour qu’on les laisse faire faillite, ce qui lui impose une réglementation plus stricte pour pouvoir tenir le choc en cas de difficulté.
L’inquiétude dépasse néanmoins les frontières helvétiques alpin et le Trésor américain a dit «surveiller la situation et être en contact avec ses homologues internationaux». En France, la Première ministre Elisabeth Borne a publiquement demandé aux autorités suisses de régler les problèmes de la banque et indiqué que son ministre des Finances parlerait encore aujourd’hui à son homologue suisse.