Commentaire - 26 septembre: vers une campagne 100% débile?

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Commentaire26 septembre: vers une campagne 100% débile?

Les opposants à l’initiative 99% lancent leur campagne en traitant l’initiative de bête et nuisible. Signe d’arrogance ou de crainte?

Eric Felley
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Eric Felley
Comme il est de plus en plus courant à chaque initiative soutenue par la gauche, ses partisans mettent des banderoles aux fenêtres pour indiquer la couleur.

Comme il est de plus en plus courant à chaque initiative soutenue par la gauche, ses partisans mettent des banderoles aux fenêtres pour indiquer la couleur.

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La campagne commence fort, contre l’initiative 99% des jeunes socialistes qui veut taxer les revenus du capital 1,5 fois plus que les revenus du travail à partir de 100 000 francs.. Ce mardi, la réponse des opposants réunis dans un comité des milieux économiques a été chiffrée et cinglante: «0% de réflexion» et «100% nuisible». Voilà qui lance un débat avec à peu près 0% de chance de nuance, à l’image de la culture des réseaux sociaux d’aujourd’hui.

On peut être d’accord ou non avec la proposition mais est-il nécessaire de dynamiter ainsi l’adversaire? On sait très bien que, dans la culture bourgeoise de ce pays, majoritaire, la pratique fiscale n’est pas d’assommer les plus riches en capitaux par des impôts trop lourds, bien au contraire. On ne peut s’empêcher de lier, aujourd’hui, cette initiative avec le référendum lancé contre la décision du Parlement de supprimer le droit de timbre qui allège, justement, la charge sur les capitaux. Deux contextes très différents et, à la fin peut-être, deux résultats différents.

Le souvenir de 1:12

Que la gauche propose de relever la taxation des revenus du capital des plus riches, c’est dans son ADN. Que la droite propose de la réduire, ça l’est aussi. Il n’y a donc pas 0% réflexion d’un côté et 100% de l’autre. Comme le dit la socialiste genevoise Olga Baranova: «La redistribution des richesses est le défi du siècle, tout autant que la justice climatique. L’initiative 99% ouvre un débat fondamental, celui de savoir à qui profite notre travail». D’un point de vue démocratique, on devrait pouvoir poser cette problématique, sans qu’elle soit d’entrée dénigrée.

D’ailleurs, les Suisses ne sont pas toujours d’accord avec la droite, en matière fiscale. Ils peuvent faire preuve d’autonomie dans leur réflexion. C’est peut-être cela qui rend les opposants nerveux. En 2017, le refus de la troisième réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) avait été un échec surprenant pour ses partisans, emmenés déjà à l’époque par le chef des Finances, Ueli Maurer. Le refus avait été net: pas 99%, mais un bon 59%.

Cela dit, cette initiative 99% offre bien des similitudes avec une autre lancée par les Jeunesses socialistes et que le peuple suisse avait refusé en 2013: l’initiative dite «1:12». Elle proposait d’ajouter dans la Constitution un article interdisant, dans une même entreprise, que le salaire le plus élevé puisse être plus de douze fois supérieur au salaire le plus bas. Il s’agissait d’une réaction aux rémunérations abusives constatées dans les entreprises où l’écart pouvait monter parfois de 1 à 43… Le peuple avait refusé cette prescription trop rigide par 65,3%. Les initiatives qui portent des chiffres ne portent pas chance à la gauche.

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