Putsch au GabonLe général Oligui a prêté serment
Brice Clotaire Oligui Nguema, nommé «président de la transition», a promis qu'il faisait de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance son principal cheval de bataille.
Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo Ondimba, a prêté serment lundi au Gabon en tant que président d’une période de transition. Il a promis des élections dans un second temps, sans en préciser la date. «Je jure devant Dieu et le peuple gabonais de préserver en toute fidélité le régime républicain», «de préserver les acquis de la démocratie», a notamment déclaré le général devant des juges de la Cour constitutionnelle. Il portait un costume d’apparat rouge de la Garde républicaine (GR), l’unité d’élite de l’armée qu’il commandait.
Des militaires putschistes avaient annoncé le 30 août la «fin du régime» d’Ali Bongo Ondimba, qui dirigeait le Gabon depuis 14 ans, moins d’une heure après la proclamation de sa réélection lors de l’élection du 26 août, estimant qu’elle avait été truquée. Le lendemain, ils avaient proclamé le général Oligui président d’un Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).
«Un coup d’Etat institutionnel»
L’Union africaine, l’Union européenne, l’ONU et une grande partie des capitales occidentales ont condamné le coup d’Etat. Mais elles ont généralement insisté sur une «différence» avec les putschs dans d’autres pays du continent parce qu’il a été précédé, selon elles, d’une élection manifestement frauduleuse. «Un coup d’Etat institutionnel», a même souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Depuis, le général Oligui a enchaîné, à un rythme effréné, des heures de discussions très médiatisées avec l’ensemble des «forces vives de la Nation». Il a consciencieusement pris des notes et répondu longuement aux interrogations et doléances.
Corruption
Le nouvel homme fort de Libreville martèle qu’il a fait de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance son principal cheval de bataille avec le «redressement de l’économie» et la redistribution des revenus et richesses du pays aux populations. Il a promis vendredi d’organiser «des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées». Mais ceci seulement après avoir fait adopter, «par référendum», une nouvelle Constitution pour des «institutions plus démocratiques» et «respectueuses des droits humains». «Sans précipitation», a-t-il précisé.
Depuis le coup d’Etat, les télévisions publiques diffusent à l’envi des images de l’un des fils du président déchu, Noureddin Bongo Valentin, et d’autres jeunes hommes proches de lui ou de l’ex-Première dame, sa mère Sylvia Bongo. Ils sont tous d’anciens hauts responsables de la présidence, montrés devant des malles, cartons et sacs débordant de liasses de billets de banque saisis à leurs domiciles, selon les nouvelles autorités.
Ces membres dits de la «jeune garde» entourant Bongo sont détenus notamment pour «haute trahison», «détournements massifs de deniers publics» et «falsification de la signature» du chef de l’Etat, selon les putschistes qui accusent, en écho à l’opposition depuis des années, des membres de la famille proche de Bongo de l’avoir «manipulé» en profitant des séquelles d’un grave AVC survenu en 2018.