ConflitUne nouvelle salve de missiles russes plonge l’Ukraine dans le noir
Moscou continue de cibler les centrales électriques ukrainiennes. Lundi, Kiev a annoncé avoir abattu 85% des missiles russes, mais les autres occasionnent de nombreux dégâts.
L’Ukraine a subi, lundi, une nouvelle salve meurtrière de missiles russes, entraînant des coupures de courant et d’eau dans un pays déjà en crise énergétique, Moscou ayant fait de ces infrastructures électriques sa cible prioritaire en plein hiver. Les frappes interviennent le même jour que l’entrée en vigueur du mécanisme de plafonnement du prix de vente du pétrole russe, décidé par les Occidentaux, qui tentent ainsi d’assécher la manne de Moscou pour financer son effort militaire. Le Kremlin a prévenu que cette nouvelle sanction n’aurait «pas d’impact» sur son offensive.
Dans ce contexte tendu, Vladimir Poutine s’est affiché à la télévision au volant d’une voiture traversant le pont de Crimée, infrastructure clé qui relie la Russie à cette péninsule ukrainienne annexée, en 2014, par Moscou. Une explosion imputée par le Kremlin à l’Ukraine l’avait gravement endommagé en octobre.
Quelques instants auparavant, les sirènes antiaériennes ont retenti à travers l’Ukraine, qui «subit une huitième attaque massive de missiles par un État terroriste. Malheureusement, il y a déjà des dégâts sur l’infrastructure énergétique», a indiqué l’opérateur Ukrenergo. Les alertes ont toutefois rapidement été levées, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré que la défense antiaérienne de son pays était parvenue à «abattre la plupart des missiles» russes. Selon l’armée de l’air ukrainienne, plus de 60 missiles sur les 70 tirés par Moscou ont été détruits en vol.
Au moins deux morts
Selon le chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne Kyrylo Tymochenko, un premier bilan fait état d’au moins deux morts et trois blessés, dont un enfant. Les frappes russes ont aussi provoqué de nouvelles coupures d’eau et d’électricité, alors que les températures hivernales sont bien installées.
Le chef de l’administration militaire de Kryvyï Rig, dans le centre de l’Ukraine, a indiqué qu’«une partie de la ville est privée d’électricité» et que «plusieurs chaudières et stations de pompage sont déconnectées», ce qui devrait se ressentir sur l’approvisionnement en eau et en chauffage. Les opérateurs à Odessa, grand port du sud du pays, et à Soumy, dans le nord-est, ont rapporté respectivement des coupures d’eau et de courant. L’électricité a été également stoppée à Mykolaïv, dans le sud. Le Premier ministre Denys Chmygal, pour autant, assure que «le système énergétique du pays fonctionne et reste intact».
Nouvelle vague de réfugiés?
En visite à Kiev, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a tweeté qu’il a dû rejoindre un abri antibombe et y poursuivre une réunion. «Incroyable que ça arrive presque quotidiennement à Kiev», a-t-il écrit. Ces frappes russes sur les infrastructures énergétiques laissent craindre une nouvelle vague de réfugiés fuyant l’obscurité, les missiles et le froid.
Les combats continuent aussi de faire rage sur la longue ligne de front. L’armée ukrainienne a ainsi annoncé, lundi, avoir repoussé, au cours des 24 heures précédentes, plusieurs attaques, notamment dans le secteur de Bakhmout, dans l’est, où les forces de Moscou sont à l’offensive.
Tentes et poêles pour les civils
Avant même les nouvelles frappes, l’opérateur national Ukrenergo avait qualifié de «difficile» la situation concernant les approvisionnements en électricité. À Borodianka, ville au nord-est de Kiev recouverte de neige et de verglas, de grandes tentes équipées de poêles à bois ont été installées pour permettre à la population de se réchauffer ou de cuisiner. «L’électricité est coupée pendant quatre heures, parfois six heures», témoigne un de ses habitants, Serguiï.