FranceUn dentiste a dévitalisé 3900 dents saines pour de l’argent
Deux anciens dentistes ont écopé d’une lourde peine de prison, en France, pour avoir effectué de mauvais traitements sur leurs patients qui les ont enrichis.
Deux ex-dentistes français, un fils et son père, ont été condamnés jeudi, à huit et cinq ans de prison respectivement, pour avoir mutilé des centaines de patients à coups d’opérations injustifiées et bâclées, s’enrichissant sur le dos de la Sécurité sociale au passage. Les condamnations de Lionel G. et de son père C., qui exerçaient à Marseille (sud-est de la France), mais ont depuis été radiés par l’ordre des médecins, ont été assorties de mandats de dépôt immédiats.
Placés sous contrôle judiciaire depuis leur inculpation en novembre 2012, ils n’ont pas fait un seul jour de détention provisoire. Le cabinet G. s’était implanté en 2005 dans un quartier populaire de Marseille, avec une patientèle dispensée d’avancer la part des soins remboursée par l’assurance maladie. À cette patientèle modeste, Lionel G. promettait «un sourire de star».
Jusqu’à 70 patients par jour
Il recevait jusqu’à 70 patients par jour, auxquels il consacrait à peine un quart d’heure en moyenne, selon une expertise de l’Assurance maladie. Cinquante-sept heures par jour auraient été nécessaires pour de tels actes. Pour la présidente du tribunal correctionnel de Marseille, Céline Ballerini, les deux hommes avaient mis en place des «traitements uniformes et systématisés» qui ont «détruit» des vies, devenues «sans sourire» et «avec des douleurs intolérables».
La magistrate a justifié les peines par «le nombre de victimes», le nombre d’années pendant lesquelles se sont déroulés les faits (six ans), «le très grave préjudice» pour la Sécurité sociale, le système de protection sociale permettant l’accès aux soins de tous, et les «très fortes sommes engagées pour réparer» ces patients.
Il a dévitalisé 3900 dents saines
Selon un calcul du parquet de Marseille, Lionel G. avait dévitalisé 3900 dents saines, sans aucune justification thérapeutique, sur 327 patients, dans le seul but de leur poser des bridges très rémunérateurs. Il posait 28 fois plus de prothèses que la moyenne des dentistes français, avait estimé la Sécurité sociale.
Devenu en 2010 le dentiste le mieux rémunéré de France, il roulait en Ferrari, s’octroyait entre 65’000 et 80’000 euros de revenus mensuels (entre quelque 62’988 et 77’524 francs) et avait accumulé un patrimoine de 13 millions d’euros. Le parquet avait réclamé dix ans de prison contre Lionel G., 42 ans, jugé pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation pour des faits commis entre 2006 et 2012, et cinq ans de prison dont un an avec sursis probatoire pendant trois ans, contre C., dit Jean-Claude, âgé de 71 ans.