Proche-OrientLe Liban accuse Israël d’utiliser du phosphore blanc
Depuis le début de la guerre entre l’État hébreu et le Hamas, Beyrouth reproche à l’aviation israélienne d’avoir largué des bombes avec ce produit, dont l’usage est interdit contre des civils.
Le Liban a chargé, mardi, sa mission auprès de l’ONU de porter plainte contre Israël, qu’il accuse d’avoir utilisé du phosphore blanc dans ses frappes pour provoquer des incendies dans le sud du pays, selon la diplomatie libanaise.
Les échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise sont quotidiens entre l’armée israélienne et le puissant Hezbollah, depuis le début, le 7 octobre, de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza.
L’armée israélienne a répondu au ciblage de ses positions en bombardant les abords de plusieurs villes frontalières et les positions des combattants du Hezbollah, ce qui a provoqué des incendies qui ont détruit de vastes zones de végétation et d’oliviers.
«J’ai chargé la mission libanaise à l’ONU de déposer une nouvelle plainte auprès du Conseil de sécurité pour condamner l’utilisation, par Israël, du phosphore blanc lors de ses attaques répétées contre le Liban et l’incendie délibéré des forêts», a indiqué, mardi, le Ministère libanais des affaires étrangères, citant le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib.
Au moins 40’000 oliviers brûlés
Les affrontements auraient fait au moins 62 morts au Liban, dont quatre civils. Depuis le début de l’escalade, responsables libanais et ONG, dont Amnesty international mardi, accusent Israël d’utiliser du phosphore blanc.
«Grâce à une enquête préliminaire menée par le Ministère de l’agriculture, nous avons détecté 128 incendies résultant des bombardements de l’ennemi israélien au phosphore blanc», a déclaré le ministre de l’Agriculture, Abbas Haj Hassan. Les bombardements israéliens ont «complètement incendié au moins 40’000 oliviers, en plus de vastes zones forestières», a-t-il ajouté, condamnant «une violation totale de la souveraineté» du Liban.
Les bombes au phosphore sont des armes incendiaires dont l’usage est interdit contre des civils, mais pas contre des cibles militaires, selon une Convention signée en 1980 à Genève. Selon l’agence de presse officielle libanaise Ani, au moins un incendie n’était pas encore éteint mardi.
Neuf civils blessés dans un village
Plus tôt, Amnesty international a affirmé qu’elle disposait de «preuves de l’utilisation illégale par Israël du phosphore blanc» entre le 10 et le 16 octobre, dans le sud du Liban. L’une de ces attaques «doit faire l’objet d’une enquête en tant que crime de guerre, car il s’agissait d’une attaque aveugle qui a blessé au moins neuf civils» dans le village de Dhayra, a déclaré l’ONG.
Mi-octobre, Human Rights Watch avait également accusé Israël d’utiliser du phosphore blanc à Gaza et au Liban, les 11 et 12 octobre. «Nous nions ces allégations», avait réagi, dans la foulée, un porte-parole de l’armée israélienne.