Bande dessinée: 10 ans après, la dessinatrice romande Maou confirme son talent

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Bande dessinée10 ans après, la dessinatrice romande Maou confirme son talent

Alors qu’elle avait remporté le concours «Dessinateurs de demain» en 2013, la jeune femme a droit à une carte blanche offerte par BDFIL pour mettre en scène son adoption en Chine.

Michel Pralong
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Michel Pralong

Comme quoi, le concours «Dessinateurs de demain» de BDFIL tape juste. En 2013, c’est la jeune Maou qui l’avait remporté. Et la Lausannoise a depuis a confirmé son talent puisqu’elle a publié «HEJ!» «La Fédération», s’est impliquée au sein du collectif «La Bûche» et a adapté le roman d’Yves Mugny «La Faute au Loup». Rien de plus normal qu’elle soit donc la première à bénéficier d’une carte blanche de la part du festival lausannois nouvelle formule. L’idée sera chaque année de valoriser un artiste de la nouvelle génération en Suisse romande.

Maou, de son vrai nom Meili Gernet, a donc pu scénographier à sa guise un lieu d’exposition qui ne se trouve pas à la Rasude, mais dans les Arcades de Plateforme 10 à quelques centaines de mètres de là. Elle y présente de manière extrêmement originale sa nouvelle BD, «Fleur de Prunier» qui paraît, cela tombe bien, ce vendredi 5 mai.

Comme à son habitude, ses personnages humains ont des têtes d’animaux, un procédé classique en BD et qui fonctionne toujours aussi bien. Maou raconte une histoire très personnelle: celle de son adoption en Chine au début des années 1990. Mais c’est sa mère qui parle à la première personne dans l’album.

Un choc des cultures

Maou, diplômée de l’ECAL a un talent de mise en scène étonnant, avec un graphisme en noir et blanc d’une subtile élégance. C’est également une narratrice douée. Outre l’aventure humaine que représente de toute façon une adoption, sa BD nous fait vivre un choc des cultures d’autant plus fort que, Tian’anmen passé, la Chine s’est refermée sur elle-même et les étrangers y sont rares. Les difficultés pour les parents parisiens de parvenir à adopter là-bas vont être énormes.

Ce récit nous apprend également combien de fillettes ont été abandonnées et sont mortes du fait de la politique de l’enfant unique qui poussait les familles qui voulaient presque toutes un garçon à cacher la naissance d’une fille. Meili a-t-elle fait partie de celles-ci ou, comme ses parents se le sont parfois imaginé, est-elle le bébé d’une étudiante arrêtée suite aux événements? On l’ignore, mais son récit est extrêmement attachant.

Il l’est d’autant plus lorsqu’on découvre dans son expo la reconstitution du petit appartement qu’occupaient ses parents à Shanghai. Le vernissage a lieu ce vendredi 5 mai, dès 18 h. Maou fera une visite commentée de son expo les 6 et 13 mai à 11 h 30. Dimanche 7 mai, à l’Espace mini, elle participera à une table ronde: «Quand l’adoption engendre la création». 

«Fleur de Prunier», de Maou, Éd. Antipodes, 176 pages

«Fleur de Prunier», de Maou, Éd. Antipodes, 176 pages

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