Hockey sur glaceSimon Rytz et les cinq règles d’or de l’employé modèle
Après cinq saisons passées à Olten en Swiss League, Simon Rytz goûte à nouveau à la National League au HC Bienne. Vendredi, le Seelandais a fêté sa deuxième titularisation de la saison par un succès 7-2 remporté face à Langnau
- par
- Julien Boegli
Une petite tape sur l’épaule dans les couloirs de la Tissot Arena vendredi soir. «Simon, c’est la superstar du HC Bienne», s’amuse Damien Brunner, animateur officiel des séances d’interview d’après-match à Bienne.
Au terme de la partie, remportée aisément par les joueurs d’Antti Törmänen face au voisin de l’Emmental, la doublure d’Harri Säteri a eu droit au traditionnel rappel du kop local. La dernière fois que le public seelandais a scandé son nom? «C’était il y a un mois à Langnau», répond, sourire en coin, Simon Rytz. À domicile, il faut remonter bien plus loin, au soir du 21 novembre 2017. Prêté par Olten l’espace d’un match de Coupe de Suisse, le résident d’Aarberg avait contribué à l’élimination du CP Berne au stade des quarts de finale (5-3).
Simon Rytz a ouvert les portes de la plus haute ligue du pays il y a onze ans déjà. Après plusieurs saisons à succès au HC Ajoie, dans la LNB de l’époque, il a participé à quelques épisodes à l’échelon supérieur à Fribourg, Zoug puis Genève entre 2011 et 2014. Il n’a finalement occupé un rôle principal à ce niveau de jeu que durant deux ans, de 2014 à 2016 à Bienne, avant de s’engager à Olten pendant cinq années et de revenir «à la maison» cet automne, à 39 ans.
Deux titularisations, une entrée en jeu à Rapperswil fin septembre à la 33e minute alors que le score indiquait 4-1 pour les Saint-Gallois, c’est tout ce dont Rytz a eu droit en 15 matches. Mais le bonhomme ne se plaint pas. Au contraire, il se montre reconnaissant envers son employeur. Simon Rytz, un employé modèle? ça se pourrait bien. La preuve par cinq.
Une attitude positive
Un succès 6-1 dans l’Emmental il y a un mois, un autre tout aussi large vendredi soir (7-2). Chanceux, Simon Rytz bénéficie de soirées somme toute peu éprouvantes. «Parce que l’équipe bosse très bien défensivement. Tout le monde peut être fier de ce qu’il a accompli. On est entrés dans le match en respectant l’adversaire, il le fallait après ses quatre victoires récentes. On lui a mené la vie dure en adoptant le bon comportement», reconnaît-il. Bienne, qui reçoit Zurich mardi prochain, reste désormais sur huit victoires consécutives et talonne le leader Genève au classement. «Ce n’est pas une surprise pour moi. On possède beaucoup de joueurs doués techniquement qui patinent fort et qui, de surcroît, affichent une excellente mentalité.»
Prendre ses responsabilités
Il les a pris, notamment à la 19e minute. Son arrêt de la mitaine devant l’arrière finlandais Sami Lepistö alors que le score n’indiquait que 1-0 a compté. «Il y a des «saves» plus importants que d’autres, celui-là en faisait partie. Je devais être prêt.» Il l’était et l’a démontré alors qu’il venait de passer près d’une demi-période à attendre qu’une rondelle daigne enfin approcher de sa cage.
Une discipline personnelle
Pas facile de demeurer vigilant lorsque vos partenaires s’amusent à l’autre bout du champ de glace. Une frappe emmentaloise en début de rencontre pour tester ses réflexes et puis plus rien, ou presque, lors de la période initiale. «Combien de temps je suis resté sans rien faire? Je dirais une douzaine de minutes. Ce n’est pas évident pour un gardien, c’est très prenant mentalement.» Sa méthode? «C’est la même que celle que j’utilisais l’an dernier à Olten quand je vivais des matches similaires, avec peu de travail à accomplir. En fait, je me parle beaucoup à haute voix. Si on intégrait un micro sous le casque, vous pourriez vous rendre compte à quel point je cause», se marre-t-il. La teneur de cette discussion avec soi-même? «Je me répète des choses essentielles pour un gardien: lire le jeu, anticiper, faire preuve de patience. Tout cela me permet de rester attentif.»
Du plaisir dans son travail
Le numéro 22 du HCB, doublure de l’excellent Harri Säteri, a eu droit jusqu’à présent à 146 minutes de glace. En termes d’utilisation, il apparaît en 26e position du classement des gardiens de la ligue. En espérait-il davantage? «En toute honnêteté, je prends ce que l’on veut bien me donner. Avec des semaines à trois matches, de plus en plus d’équipes cherchent à répartir le temps de jeu entre leurs deux gardiens. Je savais que j’aurais occasionnellement l’opportunité de jouer. Je m’étais engagé à Olten dans le but de conduire le club à la promotion, cela n’a pas marché. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir à nouveau évoluer à ce niveau. C’est un réel privilège et j’en suis conscient. À 39 ans (son contrat porte jusqu’au terme de la saison), je n’aspire qu’à profiter du moment présent et à apporter le succès à l’équipe dans la mesure de mes capacités.»
Respecter la hiérarchie
Engagé pour pallier la longue absence de Joren van Pottelberghe, Säteri restera dans le Seeland jusqu’à la fin de l’exercice. Le retour de blessure de «JvP» étant programmé pour janvier, c’est dire que Rytz se retrouvera prochainement relégué en troisième position dans la hiérarchie des gardiens biennois. Une situation qui pourrait éventuellement conduire le Seelandais à un prêt dans une écurie de Swiss League. Une perspective perturbante? Par pour lui: «Cela n’a pas été discuté avec le club, je n’y ai d’ailleurs pas encore réfléchi. À quoi bon, finalement? La décision ne m’appartiendra pas. Je me concentre sur le moment présent. Si Bienne m’a engagé, c’est qu’il compte sur moi. À mon âge, ce ne sont pas des choses qui me font cogiter.»