DiplomatieUn Américain a franchi la frontière avec la Corée du Nord
Un individu originaire des États-Unis, qui visitait la zone démilitarisée entre les deux Corées, a été arrêté après avoir franchi la ligne de démarcation, mardi.
Un soldat américain est probablement détenu en Corée du Nord après avoir franchi la frontière à l’occasion d’une visite dans la zone démilitarisée (DMZ) séparant ce pays de son voisin du Sud, un incident qui risque de davantage encore envenimer les relations entre Washington et Pyongyang.
Quelques heures après cet incident, la Corée du Nord a tiré deux missiles balistiques dans la mer de l’Est, également appelée mer du Japon, selon l’armée sud-coréenne. «Un militaire américain, pendant une visite, a volontairement et sans autorisation» traversé la ligne de démarcation, a déclaré le colonel Isaac Taylor, le porte-parole des forces américaines en Corée du Sud.
Un autre responsable américain avait auparavant dit à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, que ce soldat était présumé être détenu en Corée du Nord. L’armée américaine a révélé qu’il s’appelait Travis King. Il venait juste de passer deux mois dans une prison sud-coréenne, a ensuite annoncé à l’AFP un responsable sud-coréen. Le soldat «a été libéré le 10 juillet après avoir purgé environ deux mois dans une prison sud-coréenne sur des accusations d’agression», a-t-il précisé.
Selon les informations de la chaîne de télévision CBS citant des officiels américains, il s’agit d’un homme du rang qui devait être ramené aux États-Unis pour des raisons disciplinaires mais qui est parvenu à quitter l’aéroport et à se joindre à un groupe de visiteurs de la DMZ.
«Mauvaise blague»
Il se trouvait alors dans la «zone de sécurité commune», avait quelques heures auparavant souligné le commandement des Nations Unies qui avait juste mentionné un «citoyen américain» sans fournir sa qualité de militaire.
«Nous pensons qu’il est actuellement détenu en RPDC (Corée du Nord) et travaillons avec nos homologues de l’Armée populaire nord-coréenne pour régler cet incident», avait-il souligné. «Nous surveillons de près la situation et enquêtons», a pour sa part dit aux journalistes le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Contacté par l’AFP, le ministère sud-coréen de la Défense s’est refusé à tout commentaire.
«Cet homme a émis un fort ‘‘ha ha ha’’ et couru entre des bâtiments» après la visite par le groupe dont il faisait partie d’un des bâtiments du site, a raconté à CBS News un témoin de la scène. «Au début, je pensais que c’était une mauvaise blague mais quand il n’est pas revenu, j’ai réalisé que ce n’était pas une blague, puis tout le monde a réagi et ce fut la folie», a-t-il encore dit.
Des centaines de touristes
Des centaines de touristes se rendent chaque jour, dans le cadre de voyages organisés, à l’intérieur de la «zone de sécurité commune» (JSA), située au sein de la DMZ qui sépare les deux Corées depuis près de 70 ans. La Guerre de Corée (1950-1953) s’étant terminée sur un armistice, et non par un accord de paix, les deux voisins sont encore, techniquement, en état de guerre.
L’ancien président américain Donald Trump avait rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en 2019 dans le village frontalier de Panmunjom et avait même foulé le sol nord-coréen en traversant la ligne de démarcation. «Panmunjom est le site que cet Américain a le plus probablement choisi de traverser en Corée du Nord car c’est le seul endroit possible de fuite au cours de la visite de la zone de sécurité commune», a dit à l’AFP Choi Gi-il, professeur d’études militaires à l’université de Sangji.
La Corée du Nord a fermé ses frontières au début de la pandémie de Covid-19 en 2020 et ne les a pas encore rouvertes. Sa présence sécuritaire de son côté de la frontière jusqu’à la «zone de sécurité commune» a également été considérablement réduite.
«Premier contact» depuis le Covid
Steve Tharp, un lieutenant-colonel à la retraite de l’armée américaine qui travaillait dans cette zone, a reconnu auprès du site web spécialisé basé à Séoul NK News qu’il n’avait aucune idée de la façon dont les Nord-Coréens réagiraient à cet incident: il y a «si peu de données disponibles» sur des événements comme celui-ci, a-t-il souligné.
«C’est le premier contact depuis le Covid (…). Nous ne savons pas ce qu’ils pensent», a-t-il déclaré à NK News. L’affaire survient à un moment où les relations entre les deux Corées sont à un de leurs plus bas, la diplomatie étant au point mort et Kim Jong-un appelant à davantage développer les armements dans son pays, notamment des armes nucléaires tactiques.